The Chemical Brothers
Born In The Echoes
- EMI Records / Virgin Records
- 2015
- 52 minutes
C’est demain que le duo de musique électronique mené par Tim Rowlands et Ed Simons, The Chemical Brothers, fait paraître son huitième album studio: Born In The Echoes. Auréolé «maîtres du big beat», le tandem essaie de redorer son blason avec la sortie de ce disque, car ce genre (caractérisé par des influences rock, techno, acid house, et hip-hop) est souvent classé passéiste par les jeunes mélomanes férus d’électro. Rowlands et Simons ont deux disques majeurs au compteur: Exit Planet Dust (1995) et Dig Your Own Hole (1997).
On sera honnête. On s’attendait à un Random Access Memories chapitre deux (Daft Punk) de la part de nos frères chimiques, mais c’est avec un grand étonnement que la paire nous gratifie d’un excellent album de vieux briscards. Sans réinventer le genre, ils s’appliquent à minutieusement à brouiller les pistes tout en proposant certains standards commerciaux fort comestibles. On pense au simple Go mettant en vedette Q-Tip ainsi qu’à Under Neon Lights avec la talentueuse Annie Clark (St. Vincent) aux inflexions vocales. On peut ajouter à ce cocktail plus accessible la conclusive Wide Open que notre troubadour Beck Hansen anime de sa voix chaude.
Mais l’intérêt de ce Born In The Echoes réside ailleurs que dans les collaborations alors que les Chemical Brothers s’affairent à installer une atmosphère menaçante ponctuée de rythmes tribaux imparables et de claviers souvent atypiques et dissonants. C’est dans ces moments qu’on devient totalement scotché à cet album. C’est subtilement tortueux alors qu’on appréhendait un disque dansant/racoleur ratissant le dénominateur commun absolu. Oui, ça demeure un brin désuet, mais si vous ne jouez pas au snobinard borné (ça arrive à tous… souvent à votre modeste scribe), vous saurez apprécier l’effort fourni par Rowlands et Simons. On sent que les gars ont donné le meilleur d’eux-mêmes et on ressent franchement le plaisir qu’ils ont eu à concevoir ce disque.
Même si la chanson Go nous tape quelque peu sur le gros nerf (opinion très personnelle ici), The Chemical Brothers se reprend admirablement sur une majorité de chansons. On pense à la cathartique (et un peu folle) EML Ritual sur laquelle Ali Love offre une prestation aussi nuancée qu’efficace. On balance frénétiquement la tête sur la psychédélique I’ll See You There. On tripe sur les rythmes tribaux de Just Bang. On jubile sur l’extraordinaire crescendo qui caractérise Reflexion. On a envie de s’en rouler un p’tit sur Taste Of Honey. On est subjugué devant la performance vocale de Cate Le Bon sur Born In The Echoes et on est replongé en pleine période new-wave sur Radiate.
N’eût été des collaborations visant à satisfaire le mélomane générique, ce disque aurait obtenu une meilleure appréciation de notre part. Néanmoins, autant les vieux «ravers» nostalgiques que les jeunes adeptes d’électro consensuels (qui n’ont pas envie de se prendre trop la tête) sauront donner un coup de chapeau mérité au travail des doyens. Oui, la chimie est définitivement au rendez-vous!
Ma note: 7,5/10
The Chemical Brothers
Born In The Echoes
Virgin EMI
52 minutes
http://www.thechemicalbrothers.com
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