Steven Wilson
Hand.Cannot.Erase
- Kscope Records
- 2015
- 65 minutes
Steven Wilson n’a pas besoin de présentation pour l’amateur de progressif et d’expérimentation rock et métal. Hautement estimé, adulé même, son héritage avec Porcupine Tree et une demi-douzaine d’autres projets est salué par ses fans et par la critique aussi. Le musicien touche-à-tout revient donc avec Hand.Cannot.Erase, tout juste deux ans après The Raven That Refused To Sing.
Moins jazz et exploratoire que son prédécesseur, cette nouvelle livraison réintègre les différents éléments rock qui ont fait la force de Porcupine Tree. Guitares précises, cordes et synthés enveloppants, énormes montées mélodiques, solos épiques et omniprésente section rythmique sont toujours à l’honneur sur Hand.Cannot.Erase.
Autre élément de continuité: Hand.Cannot.Erase est un album concept. Comme si ça devait nous surprendre. Ici Wilson raconte au «je» l’histoire anonyme de Joyce Carol Vincent, une femme morte dans la plus cruelle indifférence. Son corps aurait été retrouvé devant son téléviseur, deux ans après son décès.
«Je voulais écrire cet album avec une perspective féminine», de dire Wilson en entrevue avec un média concurrent (!). Il a donc échafaudé une histoire pour cette pauvre dame. Sous sa plume noire, l’auteur-compositeur expose une succession de regrets, de traumatismes d’une enfance brisée, et de déchirements comme autant de causes à l’effacement graduel, peut-être conscient finalement, de la protagoniste du «monde des vivants».
Bref, un album 100% Wilson, d’origine contrôlée. On navigue d’une ambiance à l’autre, tantôt heavy, tantôt planante, en alternant les variantes instrumentales et les mélodies si bien ficelées, le tout, encadré par une réalisation béton, mais «equalizée», marque de commerce de Wilson.
Mais c’est si prévisible. On a beau avoir célébré partout ce «toujours d’adon retour aux sources» que représente Hand.Cannot.Erase dans la discographie de Wilson, mais pour moi: voilà plutôt un album certes bien fichu, mais somme toute un peu ennuyant.
En terminant, si on vante souvent des albums en disant que l’expérience globale d’écoute surpasse la somme des titres qui le compose, ici, c’est le contraire. Il y a de très bons morceaux sur ce nouveau disque, mais on se perd rapidement dans l’éther de Wilson et dans son concept un peu «rentré à la crowbar». Ajoutez à cela qu’il dure plus de soixante-cinq minutes ce Hand.Cannot.Erase et vous comprendrez que l’audace ici, aurait été de faire plus serré.
Ma note: 6/10
Steven Wilson
Hand.Cannot.Erase
Ksope
65 minutes
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