Neurosis
Honor Found In Decay
- Neurot Recordings / Relapse Records
- 2012
- 61 minutes
Il existe une poignée d’artistes à qui on accorde une influence majeure sur l’évolution du métal au cours des 15 dernières années, plus particulièrement sur l’accent doom qui semble l’emporter sur tout le reste. L’importance de groupes comme Melvins, Sleep et Swans et d’individus comme Justin Broadrick est indéniable, mais personne ne reçoit autant de crédit que la formation Neurosis. Pourquoi Neurosis ? Peut-être en partie parce que le groupe d’Oakland a toujours offert une musique intelligente sans être intellectuelle. Nulle trace de concepts “pour initiés seulement” dans les albums Through Silver In Blood, Times Of Grace et A Sun That Never Sets. C’est une musique purement viscérale, sans le moindre compromis, poussée à l’extrême de sa propre logique, et concoctée de main de maître par un groupe qui a mis près de 10 ans à forger son propre style, errant auparavant entre le crust punk, le thrash metal et le crossover punk-metal.
On ne s’attend pas tellement à ce qu’un groupe avec presque 30 ans de carrière et des racines aussi étendues se réinvente à chaque album. Les deux chanteurs et guitaristes, Scott Kelly et Steve Von Till, ont des projets solos beaucoup plus calmes que leur projet commun, et ce calme s’immisce tranquillement dans les albums du groupe depuis In the Eye of Every Storm en 2004. Avec son dixième album, Honor Found in Decay, Neurosis reste un exercice d’équilibre entre passages doux et passages forts, mais on commence à voir quelques rides dans la musique de ces vieux routiers. Percevoir ces rides comme un avantage ou un inconvénient est une question de goût, mais pour la plupart des metalheads vieillissants, il y a quelque chose de familier, quelque chose qui console, dans la maturité grandissante de Neurosis.
Cette maturité se manifeste de deux façons ici: dans les passages plus posés où Kelly et Von Till placent leur voix et leur poésie à l’avant-scène, et dans les envolées musicales où une place prépondérante est accordée aux textures sonores du bruiteur du groupe, Noah Landis. Ce dernier commence d’ailleurs à s’établir comme l’arme secrète de Neurosis, celle qui permet au groupe d’encore avancer un peu tout lui faisant garder ce qu’il a de mordant.
Autrement, Neurosis change peu. Lorsqu’il assène un riff avec force, on croirait toujours entendre la trame sonore d’une catastrophe naturelle (quel hasard que l’album nous soit arrivé juste avant que Sandy s’abatte sur la côte est). La lourdeur de Neurosis a quelque chose de méditatif depuis déjà de nombreux albums. Honor Found in Decay cherche l’illumination par des moyens juste un peu plus variés qu’avant, et l’atteint juste un peu moins souvent.
Ma note : 7,5/10
Neurosis
Honor Found in Decay
Neurot Recordings/Relapse Records
61 minutes
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