Critiques

Martyn

The Air Between Words

  • Ninja Tune Records
  • 2014
  • 53 minutes
6,5

5021392923192Le parcours du Néerlandais Martyn Deykers a passé par de nombreux moments forts des vingt dernières années de la musique électronique. Issu du château fort trance et gabber de Rotterdam, compatriote de gros canons comme Armin van Buuren et Tiësto, Martyn a commencé comme DJ house, s’est passionné de drum&bass dans les années 1990 et en a été un des principaux représentants aux Pays-Bas, puis a commencé à créer sa propre musique dans les années 2000 sous l’impulsion du nouveau courant dubstep tel que proposé par Burial et Kode9. Comme il la décrit lui-même, sa musique, à l’image du dubstep tel qu’on le concevait à l’origine, était une méditation sur les basses fréquences et une recherche de l’essence de la musique dance.

Avec ses deux premiers albums, Great Lengths (2009) et Ghost People (2011), Martyn relevait le défi et mettait le doigt sur ladite essence. Les mélodies simples et enjouées du house cohabitaient avec les basses du dub et les rythmes syncopés du drum&bass et du 2step dans un tout résolument personnel. Cette approche qui tend à universaliser divers sous-genres du techno fonctionne encore plutôt bien pour Deykers.

Se dessine dans l’ensemble une espèce de lettre d’amour à la musique techno des vingt-cinq dernières années, un peu comme l’œuvre récente de Kieran Hebden (qui agit d’ailleurs à titre d’invité sur une des meilleures chansons de l’album, Glassbeadgames). Martyn a cependant une approche nettement plus conservatrice que Four Tet, du moins cette fois-ci. Une belle variété de sonorités est utilisée, mais une grande place est donnée aux sons les plus classiques du genre: la batterie de l’Amen break ici, les claves et cloches du 808 là, des samples de jazz et de soul un peu partout. Tout y passe même le sempiternel sample de film porno dans Like That, cliché usé à la corde s’il en est un.

Ce regard vers le passé vient affaiblir le travail de Martyn, qui semblait émettre sa musique d’un avenir rapproché sur Ghost People. Sa technique impeccable est encore présente, mais sa touche personnelle et caractéristique est moins accentuée. Il y a encore du plaisir à avoir avec Martyn, et la qualité de son travail est encore à peu près constante, mais The Air Between Words a quelque chose de plus modeste que ce que Martyn avait fait auparavant. Il donne l’impression pour la première fois de ne plus avoir envie de garder une longueur d’avance sur tout le monde.

Ma note: 6,5/10

Martyn
The Air Between Words
Ninja Tune
53 minutes

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