Louis-Philippe Gingras
Traverser L’Parc
- Simone Records
- 2013
- 44 minutes
«J’me sens comme la plante qui pousse dans ton salon/Besoin d’eau, d’soleil pis que tu me montres tes totons.»
C’est sur ces paroles que s’ouvre Traverser L’Parc, premier «vrai» album de Louis-Philippe Gingras (il a avait sorti le maxi Salut Man l’an dernier).
Celui qui a cartonné au Festival de Petite-Vallée en 2012 (6 des 23 prix lui avaient été remis!) utilise une plume parfois grasse ou irrévérencieuse, mais toujours imagée, donnant une couleur – rouge de gêne – aux 14 compositions folk-country de cet opus sorti à la fin du mois dernier.
Aux premières écoutes, on a en tête Urbain Desbois ou encore Damien Robitaille. La tonalité vocale de Gingras ressemble d’ailleurs à celle de ce dernier et les paroles, si elles sont écoutées sans trop d’attention, peuvent également faire penser au registre de L’Homme Autonome.
Et tout comme chez Robitaille, l’humour est au rendez-vous dans la chansonnette de Gingras: il y parle, entre autres, de sa belle Branche à saucisse («Don’t fuck around with ma branche à saucisse!»), de son week-end magique à l’Hôtel Continental («je n’y retournerai pas»), de son Station Wagon («y auras-tu de la place dans ton cul-mulus») et de l’infortune de son Fortune Cookie («y’a même pas de papier dans mon biscuit chinois»).
Si ces paroles nous arrachent un timide sourire, c’est plutôt le registre mélodramatique de Louis-Philippe Gingras qui réussit vraiment à retenir notre oreille à son disque. Ainsi, celui qui est «atteint» de bipolarité se fait sérieux quand vient le temps d’aborder son trouble.
«Gatorade/Je veux que tu m’aides/Y a du monde dans ma tête/Gatorade/J’ai le cerveau/Multicolore», chante-il d’une voix paresseuse sur Gatorade, quelques accords désorganisés en arrière-plan sonore, où une trompette prend place, tranquillement.
«Le soleil tient son bout/Devant les nuages/Debout dans la brume/Au bout du jour/Les ténèbres à leur tour/Se jouent de moi», laisse-t-il doucement entendre sur la pièce finale de l’album, En dedans, les accords d’une guitare, d’abord latente, s’annonçant au détour.
Cet album est réalisé par l’ami Dany Placard et cela s’entend; le folk-rock rocailleux de celui-ci émane ici et là des pièces entendues sur Traverser L’Parc. Son expérience permet à Louis-Philippe Gingras d’offrir un premier disque prometteur.
Ma note : 6/10
Louis-Philippe Gingras
Traverser L’Parc
Simone Records
44 minutes
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