Jonathan Rado
Law And Order
- Woodsist Records
- 2013
- 44 minutes
La semaine dernière, la fesse gauche de Sam France chez Foxygen, l’évaporé Jonathan Rado faisait paraître son premier album solo intitulé Law And Order. En début d’année (grâce en grande partie au réalisateur Richard Swift), Foxygen nous avait fortement impressionné avec We Are The Ambassadors Of The 21st Century Of Peace & Magic; disque sur lequel Sam France module sa voix avec une facilité déconcertante, en empruntant des mimiques vocales autant à Lou Reed, Mick Jagger que Bob Dylan.
Alors, qu’est-ce que nous offre ce jeune illuminé? Rado nous propose un album pataugeant dans les mêmes eaux que celui de Foxygen, mais la réalisation est loin d’être à la hauteur du travail de Richard Swift sur We Are The Ambassadors… Rado est un étudiant appliqué qui a su soutirer avec éloquence le meilleur de ses maîtres à penser (Stones, Floyd, Beatles etc.) et il sait écrire de petits bijoux de ritournelles de pop rock psychédélique, sauf que sur son premier album solo, la moitié des chansons évoquent beaucoup trop cette légendaire époque narcotique, avec en plus, cette constante impression d’inachevée qui entache l’écoute de ce Law And Order.
Collé indiscutablement à ce genre musical éculé, Rado éprouve une grande difficulté à apposer sa propre signature à ses créations chansonnières. Une seule ritournelle s’éloigne de cette esthétique sonore euphorisante, et c’est la conclusive Pot Of Gold… pas tout à fait au point et qui évoque sérieusement l’esthétique sonore des eighties! Si on ajoute à cela une réalisation approximative, on se retrouve devant un disque tirant quelque peu dans tous les sens, manquant farouchement de personnalité.
Réciproquement, Rado est un songwriter absolument doué, détenant une totale maîtrise de la mélodie qui tue, mais le jeune homme devra y mettre un peu du sien, s’il veut se démarquer de ses semblables. Ce qui vient sauver la mise de ce Law And Order est sans contredit l’indéniable talent de Rado à confectionner des chansons pop de luxe; et cette sitedemo.cauction en contient quelques-unes.
Parmi celles-ci, nous avons noté la pop ensoleillée Hand In Mine, la rock fuzzée I Wood, les guitares effarées dans la conclusion de Faces, la quasi Ty Segall titrée I Wanna Feel It Now de même que la complètement Lou Reed (dont le riff est totalement calqué sur Waves Of Fear du même auteur) Would You Always Be At Home?. Sur ce Law And Order, Rado est formellement à son meilleur en format plus abrasif.
Loin d’avoir soumis un premier album imbuvable, Rado devra délaisser légèrement le penchant trop accentué psychédélique/sixties qui anime sa musique et s’immerger dans de nouvelles sonorités. De plus, un resserrement et une plus grande rigueur au niveau de la réalisation seraient les bienvenus, puisque la multitude de bonnes idées qui pullulent sur cette conception sonore se transforme un peu trop souvent en coït interrompu. Qui sait? Jonathan Rado pourrait peut-être se mettre à sonner comme Jonathan Rado!
Ma note : 6/10
Jonathan Rado
Law And Order
Woodist
44 minutes
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