L’ex-guitariste des Red Hot Chili Peppers, créateur chansonnier inimitable et multi-instrumentiste doué, John Frusciante, fait paraître cette semaine Enclosure; disque qui fait suite à PBX Funicular Intaglio Zone paru en 2012. La plupart des sitedemo.cauctions de Frusciante se situent résolument en marge des courants commerciaux, malgré qu’il ait fait partie d’un des groupes américains les plus en vus des trente dernières années. Voilà un artiste sortant résolument des sentiers battus.

Ce Enclosure respecte en tout point l’idéologie artistique empreinte de liberté absolue qui caractérise les œuvres de Frusciante. Cette fois-ci, le musicien présente un étonnant assemblage chansonnier de rock synthétique expérimental raclant des éléments rythmiques issus du drum’n bass, des claviers synth-pop, ainsi que quelques effluves de psychédélisme/progressif narcotique. L’exploit réside dans cette indéniable aptitude de Frusciante à confectionner des mélodies captivantes et intelligibles.

Ce maître d’œuvre de génie, qui a parfois tendance à se perdre dans ses propres méandres imaginatifs, réussit à nous garder captifs du début à la fin grâce à un travail mélodique de haut niveau. Enclosure est un périple synthétique d’une originalité incontestable qui flirte avec les limites de l’intelligibilité, et ce, sans jamais perdre l’auditeur. On a le privilège de se retrouver dans la tête du créateur, car Frusciante parvient à créer une proximité avec le mélomane. Bien que sa musique soit par moments inextricable, on se sent réellement interpellé par l’œuvre; l’homme ne sacrifie jamais l’émotion au profit de la dextérité.

Pour apprécier véritablement ce Enclosure, il faudra, aux premières écoutes, être attentif aux nombreux changements de rythmes et cassures sonores qui sont franchement déstabilisants. Par la suite, votre patience sera récompensée au centuple par les sublimes mélodies à saveur soul de Frusciante de même que par ce suave foisonnement sonore qui confirme une fois pour toutes le génie musical du musicien. Pas de doute, chez les Peppers, l’artiste avec un A majuscule, c’était définitivement John Frusciante.

Parmi les titres significatifs de cette conception sonore, on a affectionné les brillants mouvements musicaux dans Sleep, la simple, mais ô combien prenante, Fanfare (qui fait magnifiquement contraste à l’abondance sonore qui distingue cet album) les claviers utilisés dans Cinch qui font parfois penser à la trame sonore factice d’Orange Mécanique de Stanley Kubrick, le refrain matraque dans Crowded ainsi que l’orchestrale Excuses… et ça se bonifie dangereusement au fil des écoutes!

Au final, John Frusciante nous invite à nous immerger dans un univers opaque, menaçant et tortueux, mais émouvant, et qui se veut complètement satisfaisant pour le mélomane avide de précarisation musicale. Avis aux tenaces adeptes des Red Hot Chili Peppers: fuyez ce disque, ce n’est pas pour vous! Pour les plus aventureux d’entre vous, plongez tête première dans ce Enclosure, vous serez ébahis par le talent et la sensibilité de Frusciante.

Ma note : 7,5/10

John Frusciante
Enclosure
Record Collection
38 minutes

johnfrusciante.com

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=lNOpM5k809k[/youtube]