La Petite Mort
- Universal Music Group
- 2014
- 46 minutes
James, ça vous dit quelque chose? Les vieux de la vieille, fanatiques de rock mancunien, connaissent assurément le septuor mené par le charismatique Tim Booth. Au mois de juin dernier, James (formé en 1982) faisait paraître la version européenne de La Petite Mort; la mouture américaine se révélait le 16 septembre dernier. Sur ce énième opus, les vétérans abordent de front les lourds sujets de la mort et de la rédemption puisque la mère de Tim Booth ainsi que le meilleur ami du chanteur sont décédés au cours des dernières années.
Curieusement, la massivité des thèmes évoqués n’influence en rien le «style James». Fidèle à son habitude, la bande à Booth y va de nombreuses mélodies rassembleuses et de quelques crescendos enflammés bien sentis. Le groupe incorpore à son esthétique sonore des éléments synthétiques issus des nineties qui donnent parfois l’impression d’assister à un exercice un tantinet passéiste.
La maturité/sagesse ayant fait son œuvre, James délaisse sa ferveur et sa fougue légendaire afin de faire place à une sorte de passivité maniérée et maîtrisée qui empêche ces ritournelles de se hisser à un niveau affectif plus bouleversant. C’est duveteux, un peu trop limpide et la réalisation cristalline de Max Dingel n’est pas étrangère à cette linéarité émotive. La pépèrisante Bitter Virtue, l’électro-pop nineties Curse Curse, le pop-rock artificiel Gone Baby Gone et la trop «adulte» All I’m Saying sont de dignes représentants de ce petit penchant conservateur qui agace. Disons, qu’on est habitué à plus d’élan de la part de James…
En contrepartie, quand James retrouve son ardeur, on retrouve le sourire, même si on entend clairement un groupe dont les meilleures années sont derrière lui. La pièce d’entrée (épique et solennelle) titrée Walk With You constitue sans aucun doute une belle réussite: une montée d’adrénaline jusqu’à mi-parcours alliée à un «bridge» dépouillé qui prépare la nouvelle salve d’intensité dramatique avec juste assez de grandiloquence; un sept minutes parfaitement James! Interrogation, le simple Frozen Britain et la frémissante Quicken The Dead font office de morceaux qui font honneur à cette réputation de créateurs chansonniers cathartiques que James a toujours su bien exploité.
La Petite Mort est loin d’être un disque à remiser au placard, mais on doit avouer qu’on est à perte de vue comparativement au superbe Whiplash paru en 1997; le groupe n’ayant jamais réussi depuis à atteindre le standard établi par cette réalisation de Brian Eno et Stephen Hague. Les doyens passionnés de James sauront apprécier, malgré la passion disparue au profit d’une maturité un peu ennuyeuse. Un effort honnête!
Ma note: 6/10
James
La Petite Mort
Universal Records
46 minutes
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