How To Destroy Angels
Welcome Oblivion
- Columbia Records
- 2013
- 60 minutes
Parmi les artistes qui ont vieilli (dans le sens qu’ils ont gagné en maturité) et que leur musique a changé en suivant une authentique évolution, Trent Reznor est définitivement une figure de proue. Il est tout de même passé d’un rock industriel agressif (Pretty Hate Machine) pour finir dans un électro beaucoup plus aérien (The Slip). Lorsque Nine Inch Nails a été mis au rancart en 2009 et c’était logique, le groupe ayant tellement subi de métamorphoses sonores, How To Destroy Angels est né. Formé de Reznor, de sa femme Mariqueen Maandig, Atticus Ross et Rob Sheridan (qui s’occupe de la direction artistique), le groupe a lancé deux maxis en 2010 et en 2012. Les voici maintenant de retour avec un premier opus : Welcome Oblivion.
Que dire de la chose? Définitivement moins agressif que Nine Inch Nails mais toujours dans un univers où l’électronique prend beaucoup de place. La voix de Maandig est parfois passée à travers un filtre pour être ensuite relayée loin dans le mix alors qu’à d’autres occasions, elle se permet de prendre l’avant-scène et chanter à sa pleine capacité. De temps à autre, l’électro fait parfois place à un peu plus de travail acoustique ou aux instruments dits traditionnels. S’en dégage au bout du compte un effet d’étrangeté et d’inconstance. On a parfois l’impression d’assister à la démarche artistique de Reznor qui se bat contre lui-même pour ne pas faire du Nine Inch Nails, mais sans vraiment changer de genre musical… et on est un peu mal à l’aise.
La voix de Maandig s’exprime en toute liberté à trois reprises : la très NIN Keep It Together, la surprenante et entraînante Ice Age et la très accrocheuse How Long. Cette dernière sort franchement du lot par ses inflexions très pop et sa rythmique plus soutenue. De plus, Maandig semble enfin avoir le droit d’y aller dans ses véritables possibilités vocales. Sinon, la chanson-titre de l’album est correcte, détenant un semblant d’agressivité, mais qui est tellement peu appuyée, qu’elle prend des allures de lion dégriffé.
Honnêtement, ce n’est pas une sortie particulièrement notable, et ça c’est être poli. Avec Reznor qui a annoncé le retour de NIN en 2013, je crains déjà le résultat. Vous pourriez dire que je suis pessimiste mais ça fait peur. Et si vous vous demandez pourquoi les autres membres du groupe ont été si peu cités dans cet article, c’est qu’on est devant du Reznor tout craché car l’homme y prend beaucoup de place. Se dégage de Welcome Oblivion une impression d’incohérence musicale de la part d’un compositeur qui se cherche.
Ma note : 5/10
How To Destroy Angels
Welcome Oblivion
Columbia
60 minutes
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