Grouper
The Man Who Died In His Boat
- Kranky
- 2013
- 47 minutes
Il y a quelques temps, l’auteure-compositrice-interprète Liz Harris (alias Grouper) et originaire de la ville de Portland en Oregon, lançait un disque intitulé The Man Who Died In His Boat. Oeuvrant dans une sphère musicale alliant les sonorités électro-acoustique et le shoegaze, l’ensemble nappé de réverbération et d’effets de délai accentués, Liz Harris crée une musique qui pourrait se comparer à celle de Julianna Barwick. Cette offrande fait suite à l’album Violet Replacement paru l’an dernier.
Ce The Man Who Died In His Boat regroupe des rejetons qui auraient dû paraître sur l’album Dragging A Dead Deer Up A Hill paru en 2008, mais puisque que ces chansons formaient un tout cohérent (du moins selon Harris), la musicienne a pris la décision de rassembler ces morceaux afin d’en faire un album concret.
La recette prescrite par Grouper renferme les ingrédients suivants : guitare acoustique discrète et cajolée, accords de Wurlitzer, de même qu’une voix totalement éthérée et des paroles inaudibles complètement noyées dans la réverbération et abruptement mixées à l’arrière-plan. Clairement, le chant de Harris pourrait s’apparenter à un « drone », car celui-ci ne sert qu’à fabriquer une atmosphère complètement immatérielle.
La réalisation porte la signature lo-fi, ce qui accentue l’effet d’apesanteur qui tend à se dégager de cette création. The Man Who Died In His Boat est une élaboration sonore férocement contemplative, minimaliste, jalonnée de pianos et claviers réfrigérants et d’enregistrements de bruits de mers. Grouper présente un opus qui respire (parfois trop!?!), somme toute enveloppant, mais absolument hermétique. En résumé, voilà une sitedemo.cauction artistique qui pourrait épuiser le mélomane insatiable de stimulation sonore hyperactive!
Au fil des auditions, nous avons eu l’étrange impression d’entendre une artiste aux carences techniques incontestables, mais qui a su admirablement camoufler ces insuffisances par une réalisation astucieuse et de bon goût. Très peu de pièces se sont scotchés dans notre cerveau, car The Man Who Died In His Boat est un disque qui s’écoute d’un bout à l’autre, sans interruption. Nous avons quand même remarqué la mélancolique Vital (même progression d’accords que All Tomorrow’s Parties du Velvet Underground), Cloud In Places, l’étrange Cover The Long Way et la chanson titre The Man Who Died In His Boat.
Sans partager l’enthousiasme démesuré de certains médias branchés, nous sommes forcés d’admettre que la direction artistique prônée par Harris, servant à habiller ces chansons simplistes et épurées, est tout à fait pertinente. Une ravissante création, parfois oppressante, qui aurait bénéficié d’une écriture chansonnière plus assumée et concrète… mais ça demeure un album fort prenant et absorbant!
Ma note : 7/10
Grouper
The Man Who Died In His Boat
Kranky
47 minutes
www.kranky.net/artists/grouper.html
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