Gary Numan
Splinter (Songs From A Broken Mind)
- Machine Music USA
- 2013
- 55 minutes
Le chanteur/claviériste Gary Numan, âgé de 55 ans, y allait récemment d’une nouvelle parution titrée Splinter (Songs From A Broken Mind); un vingtième album de la part d’un des pionniers de la musique électronique/industrielle (aux effluves gothiques) britannique. Depuis la fin des nineties, Numan parachute des sitedemo.cauctions beaucoup plus opaques et décapantes que ce qu’il créait à ses débuts à la fin des années soixante-dix. Sa dernière offrande studio parue en 2011, se nommait Dead Son Rising et était assez scotché à l’esthétique sonore préconisée par les Trent Reznor (Nine Inch Nails) et Al Jourgensen (Ministry) de ce monde.
Suite logique des choses avec ce Splinter (Songs From A Broken Mind), puisque le vétéran garde le cap en concevant un disque qui remémore la belle époque électro/industrielle personnifiée par Nine Inch Nails, Ministry et Killing Joke. En effet, le musicien qui a souffert de nombreux épisodes dépressifs au cours des dernières années présente un album étonnamment vitaminé, abrasif et qui ne souffre d’aucun déficit de crédibilité par rapport aux pointures énumérées précédemment dans le texte.
Numan ne réinvente absolument rien, mais l’artiste nous révèle une création sentie, authentique et touchante… avec tout ce que ce genre musical peut parfois offrir d’ostentatoire et de pompeux. Les nappes de claviers se superposent les unes aux autres de façon astucieuse, les accentuations et crescendos sont d’une efficacité redoutable, les guitares décapent sobrement, les mélodies de Numan sont adéquates (sans être mémorables) et la réalisation est limpide et opérante.
Bien entendu, les admirateurs de Reznor, Jourgensen, Coleman et compagnie discerneront avec une facilité déconcertante les ascendants musicaux évoqués par Numan, mais le tourmenté musicien joue à l’intérieur de ses limites et met l’accent musicalement et lyriquement parlant sur l’expression sincère de ses méandres psychologiques labyrinthiques et ne serait-ce que pour cette raison, ce Splinter (Songs From A Broken Mind) mérite notre appréciation et le plus grand des respects.
Parmi les morceaux de prédilection de ce Splinter (Songs From A Broken Mind), nous avons particulièrement affectionné les claviers grandiloquents dans I Am Dust, la mélodie chuchotée dans Here In The Black, les très Nine Inch Nails titrés respectivement The Calling et Love Hurt Bleed, les petits relents de Depeche Mode dans Where I Can Never Be ainsi que la frémissante My Last Day.
Sans obtenir le foisonnement sonore d’un Reznor, ni l’agressivité paranoïaque exacerbée d’un Jourgensen, Gary Numan positionne son esthétique sonore entre ces deux pôles avec panache et éloquence et demeure absolument pertinent. Décidément, Numan remet les pendules à l’heure et avise clairement les mélomanes qu’il a encore de l’excellent matériel à fournir. Une émouvante surprise!
Ma note : 7/10
Gary Numan
Splinter (Songs From A Broken Mind)
Machine Music USA
55 minutes
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