Deftones
Gore
- Reprise Records
- 2016
Pour ceux qui auraient manqué les 7 épisodes précédents, voici un résumé:
Deftones est un groupe originaire de Sacramento en Californie qui fût longtemps associé au nü-metal de la seconde moitié des nineties. Toutefois, si on regarde dans le rétroviseur, on constate que la carrière du groupe sur disque n’a rien à envier à celles de Korn ou Limp Bizkit. Comparons avec la scène thrash metal: si les deux derniers groupes mentionnés sont les Metallica et Megadeth de ce mouvement, Deftones c’est fuckin’ Slayer! Si les plus gros disques de Deftones sont sans conteste Around The Fur et White Pony, le groupe a toujours été constant et il est difficile de trouver un album plus faible dans leur discographie, même si personnellement, je considère que leur album homonyme est leur Diabolus In Musica, et ce, même si La Brute du Rock est en désaccord avec moi. Enfin bref, tout ça pour dire que Deftones est encore aujourd’hui extrêmement pertinent, contrairement à tous les groupes lourds issus de la même capsule temporelle.
C’est donc après une absence de presque trois ans et demi que le groupe de Chino Moreno et Stef Carpenter est de retour avec GORE. Un article paru dans le NME il y a quelques mois donnait un peu la frousse aux fans puisque Carpenter disait carrément qu’il n’avait pas vraiment aimé enregistrer les chansons de l’album. C’est en écoutant le résultat final qu’on comprend que le guitariste un brin bourru s’est fait quelque peu museler par le reste du groupe. N’empêche, si les gros riffs musclés sont un peu moins frappants que d’habitude, ce n’est que pour laisser plus de place à Frank Delgado, le gars dont personne ne se rappelle le nom, mais qui est un élément essentiel du groupe. C’est lui qui crée les ambiances électroniques et les échantillonnages atmosphériques omniprésents dans le son du quintette. Ce type-là s’est surpassé sur Gore, qui est également le 3e album avec Sergio Vega de Quicksand à la basse, en remplacement du défunt Chi Cheng.
Les prises de bec entre Chino et Stef ne datent pas d’hier et ces tensions sont à l’origine du son inimitable des Deftones. L’un ne va pas sans l’autre et Chino teinte le Meshuggah de Stef avec son amour des Cocteau Twins et de la musique électro. Étrangement, c’est à Saturday Night Wrist (le 5e album) que j’ai pensé le plus en écoutant la nouvelle galette. Ce doit être le petit côté plus expérimental qui se dégage de l’ensemble.
Rapidement, j’ai eu plusieurs coups de foudre sur ce disque-là. Doomed User et son refrain addictif, la violence de la chanson titre, la guitare solo de Jerry Cantrell (Alice In Chains) sur Phantom Bride et la ballade Hearts/Wires. J’ai mis plus de temps à apprivoiser le premier extrait, Prayers/Triangles et Geometric Headdress, mais comme c’est le cas avec tous les albums suivants Around The Fur, une écoute répétée accroît grandement le plaisir et leur musique est pleine de subtilités qui se laissent découvrir avec le temps. Je ne suis peut-être pas super objectif en ce qui concerne les Deftones, mais je considère qu’il s’agit-là d’une autre grande réussite de leur part.
Ma note: 8/10
Deftones
Gore
Reprise Records
49 Minutes
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