Soccer Mommy
Clean
- Fat Possum Records
- 2018
- 35 minutes
Soccer Mommy est le pseudonyme de l’Américaine Sophie Allison qui lance ici son premier album sous l’étiquette Fat Possum. Cette jeune autrice-compositrice-interprète fait dans le rock lo-fi de type enregistré-dans-ma-chambre-mais-avec-un-vraiment-bon-ordi. S’en dégage un sentiment de sincérité et d’authenticité franchement intéressant. L’insouciance de la jeunesse, la qualité des mélodies d’Allison et son goût pour les compositions hors normes donnent à Soccer Mommy des airs de Courtney Barnett qui rencontre Stef Chura et Girlpool.
Only what you wanted for a little while
— Still Clean
Il y a quelque chose de fragile, vaguement adolescent et franchement emo chez Soccer Mommy. Du haut de ses 20 ans, elle est à cette période charnière où les plaintes face aux relations humaines sont normales et voir nécessaire. Lorsque chanté avec autant de talent pour la mélodie intelligente, ça donne un résultat aussi fragile qu’intéressant. Allison en profite aussi pour démontrer ses couleurs dès cette ouverture d’album alors qu’elle est seule à la guitare et qu’au deuxième refrain on dirait que le son disparaît comme étouffées avant de revenir en pleine force entouré de synthétiseurs.
Ce n’est pas la seule fois que la jeune femme surprend avec des détours de compositions intelligents. Your Dog frappe aussi dans le mile avec sa ligne de basse mélodieuse tout comme la plus fournie Skin. Cette dernière est sans doute la chanson la plus charnue de Clean. On y trouve les sonorités normales d’un band à plein volume. Une des rares fois où cela arrive sur l’album. Règle générale, ce sont surtout les approches minimalistes qui sont de mises. La mélodieuse Blossom (Wasting All My Time). Même chose du côté de la réussie Flaw avec sa mélodie qui tire bien son épingle du jeu. Le genre d’approche emo intelligente et bien construite.
Clean nous offre les émotions brutes d’une jeune femme de vingt ans qui intensément les remous et les montagnes russes amoureuses du début de l’âge adulte. Malgré des tracas adolescents, ceux-ci sont livrés avec une maturité musicale qui pourrait faire rougir quelques quarantenaires. Sophie Allison sera à surveiller de près dans les prochaines années. Elle a appris à créer seule en s’arrangeant avec les moyens du bord, un peu comme un certain Will Toledo (Car Seat Headrest). C’est fort prometteur.