Jessica Pratt
On Your Own Love Again
- Drag City
- 2015
- 32 minutes
Née en 1987, résidente de Los Angeles, et ce, malgré le phrasé et l’accent typiquement «british» employés dans ses chansons, la très Américaine Jessica Pratt fait paraître cette semaine son deuxième album intitulé On Your Own Love Again. En 2011, Pratt avait lancé un premier album simplement titré Jessica Pratt. Associée au mouvement «freak folk», la musicienne est une amie/collaboratrice très proche de Tim Presley (White Fence). Presley a même réalisé le premier album de la jeune dame tout en le présentant sous son propre label, Birth Records.
Si de vieux hippies posaient leurs oreilles sur On Your Own Love Again, ils identifieraient d’emblée les flagrantes influences de Jessica Pratt. On y entend les ascendants musicaux des grosses pointures du folk californien narcotique issu des sixties; de Joni Mitchell, en passant par Joan Baez jusqu’à David Crosby. Si vous conjuguez à ces bonzes sonores l’aspect confidentiel/intimiste des textes (un peu à la Nick Drake), vous aurez une assez bonne idée de ce qui vous attend à l’écoute de cette auteure-compositrice-interprète de talent.
Enregistrée sur un simple quatre pistes, saupoudrant ses chansons de subtils claviers et d’harmonies vocales célestes, cette création semble habitée par un je-ne-sais-quoi qui donne envie d’y revenir… même si la couleur est définitivement anachronique. Ne manque que le crépitement d’une aiguille sur un vinyle abîmé et vous n’y verrez que du feu.
Difficile de statuer clairement sur ce On Your Own Love Again tant cette perception d’un retour dans un passé révolu est venue nous irriter. Du même souffle, cette même génuflexion envers les années 60 s’avère la pierre angulaire des chansons de Pratt. On verrait très mal la compositrice être entourée de babioles modernes dans un grand studio d’enregistrement. Jessica Pratt serait assurément perdue dans ce genre d’environnement.
On Your Own Love Again s’écoute d’un seul trait et sans interruption tant les pièces offertes forment un tout harmonieux. On a eu un penchant pour l’utilisation judicieuse du piano électrique Clavinet sur Moon Dude, pour la très Nick Drake nommée Jacquelyn In The Background ainsi que pour Back, Baby qui fait penser à du Belle And Sebastian, époque If You’re Felling Sinister.
Clairement, le savoir-faire chansonnier est là, mais Jessica Pratt devra se détacher un peu plus de tous ces «folkers» psychédéliques si elle veut réellement se démarquer du lot. Pour ce faire, on lui suggère humblement de prendre ses distances de l’empreinte de son mentor Tim Presley afin de faire grandir son songwriting et ainsi développer sa propre signature. On insiste, ce On Your Own Love Again est fort valable, mais Jessica Pratt peut aller encore plus loin.
Ma note: 7/10
Jessica Pratt
On Your Own Love Again
Drag City
32 minutes
https://www.facebook.com/jessicalynnpratt
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