Fanny Bloom
Pan
- Grosse Boîte
- 2014
- 41 minutes
Je vais l’avouer tout de suite: Piscine, fabuleuse chanson de Fanny Bloom, est une des chansons que j’ai le plus écoutées et aimées l’été dernier. Entre la folie contrôlée de La Patère Rose et l’électro rassembleur de ses amis Misteur Valaire, je comprenais l’engouement des radios québécoises de l’avoir ajouté à leurs ondes. Le morceau est éclaté, festif, sexy, et Bloom incarne une déesse pop nouveau genre comme un peu une Mitsou des années 2000 sur l’acide. Bref, une vraie toune d’été comme on en fait rarement au Québec. Inévitablement, Piscine la plaçait interprète dans un créneau peu défriché au Québec; une nouvelle mouture qui lui allait musicalement comme un gant. Or, mes espérances étaient bien grandes quand on a annoncé Pan, son deuxième album, qui voit le jour cette semaine.
Malheureusement, Pan souffre d’un problème. Rien n’est aussi fou/éclaté/festif que Piscine, qui est placée en troisième position, entre deux pièces aux arrangements moins éclatés. Pas que les autres chansons de Pan ne soient pas décentes, au contraire. Elles manquent seulement de cette bouffée d’énergie, cet éclair de génie, et l’ensemble est plus confessionnel et moins viscéral, plus près du travail d’auteur-compositeur-interprète qu’on avait entendu sur son premier effort, Apprentie Guerrière. Quelques morceaux sortent quand même du lot, notamment Danse, le deuxième extrait, qui flirte brillamment avec l’europop, ainsi que la pièce titre, avec sa flûte de pan assortie et ses arrangements semi-tropicaux. Mais dans l’ensemble, ça manque un peu d’énergie pour qu’on croie à la cohésion de l’album. À la limite, Piscine aurait peut-être trouvé une meilleure place en fin de parcours.
Ceci dit, il en reste dix autres pièces intéressantes, portées en grande partie par des histoires d’amours déçus, les deux pieds dans une pop actuelle et inventive. Il y a Deadbird, une ballade, sorte de cousine lointaine de Daniel Bélanger époque Rêver Mieux, avec ses arrangements de cuivres sensuels et sa ligne de basse langoureuse. Il y a aussi Sammy Sammy, une ballade épique à la Total Eclipse Of The Heart à la sauce Bloom. C’est énorme, mais ça tient la route et ça rentre dans la tête aussi, grâce en partie à la réalisation efficace d’Étienne Depuis-Cloutier ainsi qu’aux arrangements inventifs signés Misteur Valaire – dont deux des membres étaient de La Patère Rose avec Bloom – et Benoît Bouchard.
Néanmoins, Pan reste un énorme pas dans la bonne direction pour Bloom, et risque de donner à son auteure la visibilité qu’elle mérite, si ce n’est que d’avoir un ou deux autres simples qui risquent de tourner sur les ondes radio du Québec. Pour le reste, on espère que Fanny Bloom réveillera de nouveau cette lionne qu’on trouvait sur Piscine, et qu’elle remettra ça sur d’autres pièces voire un autre album.
Ma note: 7/10
Fanny Bloom
Pan
Grosse Boîte
41 minutes
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