Bohren & Der Club Of Gore
Piano Nights
- Ipecac Recordings
- 2014
- 56 minutes
Dimanche matin, 3 h. Vous rentrez chez vous d’une soirée arrosée, seul. Il neige, il fait froid, février fait sentir sa présence. Vous poussez la porte, vous n’ouvrez pas les lumières et vous mettez Piano Nights dans votre salon. Vous vous assoyez dans le noir pour vous laisser aller à l’ambiance feutrée du groupe allemand et les vapeurs éthyliques de la soirée. Voilà la bonne façon d’approcher le huitième album du groupe Bohren & Der Club Of Gore.
Depuis le milieu des années 90, le quatuor germanique offre un jazz ambiant aux sonorités sombres et profondes. Issu d’un milieu particulièrement fertile pour le heavy metal (Accept, Angel Dust, Blind Guardian et Sodom), les membres ont d’abord joué dans des groupes hardcore avant de s’unir pour créer ce qu’ils appellent eux-mêmes: «Des ballades jazz ambiantes mélangées à la noirceur de Black Sabbath et des sons d’autopsie abaissée d’un ton». Cette description vous fait peur? Vous ne devriez pas bouder votre plaisir.
On trouve sur Piano Nights, une version plus légère et aérienne du groupe, moins empreinte de la lourdeur de leurs premiers albums. Certaines sonorités de cloches, entre autres, sur Ganz leise kommt die Nacht, aspirent vers les cieux, entraînant notre esprit vers le ciel étoilé; le tout à travers une atmosphère feutrée, propice à l’intériorité et la réflexion évoquant autant le souper amoureux avec l’être cher. Bohren ne nous impose pas une émotion, au contraire, il propose une porte d’entrée pour sonder votre âme.
Si à la première écoute, l’album peut sembler légèrement uniforme dans ses sonorités, une écoute plus approfondie vous fera découvrir l’étendue de votre erreur. Le mélange de style et le jazz non orthodoxe de la bande sont parsemés de nuances qui se fondent dans une longue trame sonore langoureuse. Comme toujours le saxophone de Christoph Clöser est enveloppant et chaleureux. Tout comme la batterie de Thorsten Benning qui est bien dosée, se faisant souvent presque absente. La basse de Robin Rodenberg est riche et joliment utilisée et les ambiances de Morten Gass sont tout simplement superbes.
Bohren & Der Club Of Gore est un animal à part. Un album qui vous demandera un certain effort et quelques écoutes, mais qui vous récompensera par sa chaleur et sa beauté. Piano Nights accompagnera bien une soirée froide d’hiver alors que vous restez à l’intérieur avec l’être cher, à discuter autour d’un verre de rouge. Il ira tout aussi bien avec une soirée en solitaire alors que le monde extérieur vous paraît hostile…
Ma note : 8.5/10
Piano Nights
Bohren & Der Club Of Gore
Ipecac
56 minutes