Alice In Chains
Rainier Fog
- BMG
- 2018
- 54 minutes
Lorsqu’il est question d’Alice In Chains, les avis sont partagés. Beaucoup de fans pensent que le band aurait dû arrêter d’exister suite à la mort du chanteur Layne Staley en 2002. Les autres considèrent que le groupe est encore très pertinent depuis qu’il a repris du service avec William DuVall à la voix en 2006. Malgré que je puisse compter sur les doigts d’une seule main le nombre de groupes qui ont réussi à survivre à un changement de chanteur, je fais partie de la seconde catégorie. Je n’aime pas particulièrement le travail de Will au sein de ses autres groupes (Comes With the Fall, Giraffe Tongue Orchestra), mais je trouve qu’il est désormais totalement à sa place au sein d’Alice. D’ailleurs, Rainier Fog est le 3e album qu’il enregistre avec Jerry Cantrell, Mike Inez et Sean Kinney. C’est le même nombre d’albums que Layne. La carrière du groupe se scinde désormais en deux époques distinctes.
Rainier Fog commence d’ailleurs avec The One You Know, une mordante déclaration d’indépendance du groupe envers son propre héritage sur fond de riffs doom/sludge mélodiques dont seul Jerry Cantrell a la recette. La pièce est clairement une réponse à tous ces gens qui ne cessent de se plaindre que le groupe ne devrait pas continuer sans Layne. Jerry raconte qu’ils sont différents, mais toujours les mêmes à la fois. Il a raison. Depuis la reformation, Rainier Fog est certainement l’album qui sonne le plus comme la première incarnation du groupe. Des échos de l’album éponyme de 1995 se font d’ailleurs entendre tout au long de l’album.
La musique du groupe est instantanément reconnaissable grâce à la guitare torturée de Cantrell et aux harmonies vocales qui occupent plus de 80% de la part des voix enregistrées sur chaque album. Cela dit, depuis Black Gives Way to Blue (2009), les chansons proposées par le quatuor avaient une saveur hard rock un brin plus classique et elles étaient beaucoup plus accrocheuses que ce que nous avons connu avec Layne Staley. Les chansons proposées ici demandent davantage d’écoute pour bien les intégrer. Particulièrement le trio formé de Red Giant, de Fly et du blues disloqué nommé Drone. Les changements de structures étranges, qui composaient le coeur de l’album éponyme (aka le chien à trois pattes) sont de retour en force et on se demande même par moments si Jerry a recommencé à prendre de la grosse drogue. C’est trippy, même si c’est trop élaboré pour qu’on puisse réellement croire qu’une rechute soit à l’origine de ces compositions.
Enfin, c’est le premier album de la nouvelle incarnation du groupe qui demande plus d’une écoute avant de l’adopter et ça, c’est très bon signe. Je sens que je retournerai très souvent explorer ces dix longues chansons complexes dans les prochaines semaines. Apparemment que le rock à guitares se meurt, mais tant que Jerry est encore vivant, il me reste au moins un guitar hero digne de ce nom. Tsé le genre que t’as juste besoin d’entendre jouer une note pour l’identifier. Bref, je m’égare. Reste que peu importe dans quel clan tu te situes concernant le nouveau chanteur, je t’invite fortement à jeter une oreille à Rainier Fog. Tu seras pas déçu.