Clark
The Last Panthers
- Warp Records
- 2016
- 48 minutes
Lorsque j’ai appris que Chris Clark allait sortir un nouvel album, j’ai immédiatement retrouvé l’enthousiasme laissé par Clark, sorti en novembre 2014. Bon, il y a eu le EP Flame Rave publié en mars 2015, sorte de complément dansant de l’album éponyme. N’empêche, des «outtakes» d’un des meilleurs disques de Clark, ça s’écoute super bien. Ensuite, lorsque j’ai su que c’était dans le cadre d’une trame sonore pour une série télévisée sitedemo.cauite par Warp Films, la division cinématographique de l’étiquette musicale, j’ai eu un tout petit doute.
Une des raisons pour laquelle Chris Clark est sur Warp depuis maintenant quinze ans est sa capacité à se renouveler, à se démarquer par sa maîtrise des contrastes sonores; il peut passer du battement d’ailes de libellule au décollage de navette spatiale avec grâce et fluidité. Deux qualités que l’on retrouve évidemment sur The Last Panthers, son huitième album sorti en mars dernier, mais avec des contrastes adoucis, presque aplatis en fait.
C’est sur un thème de désolation que Back To Belgrade ouvre sur une boucle de piano trafiqué, supporté par un martèlement lourd. Hiero-Bosch For Khalil vient alléger ça à travers une atmosphère de nuit froide, ornementée d’harmonies légèrement dissonantes. On reconnaît la sonorité de Clark dans Diamonds Aren’t Forever, petite retrouvaille, et on découvre un mouvement au piano qui fait penser à Lights In The Sky de Nine Inch Nails. Panthers Bass Plock est plus épurée, avec ses quelques notes de corde pincée et sa strate de fond synthétique. Chloroform Sauna fait dissoner les violons comme un freinage de train au ralenti; le mouvement semble inspiré de György Ligeti et véhicule sensiblement le même niveau d’inquiétude. Serbian Daffodil reprend la forme de Panthers Bass Plock: interlude reposant sur une seule ligne mélodique.
La boucle de piano en délai de Naomi Pleen semble donner suite à Back To Belgrade, mais sans les impacts. Open Foe ajoute un peu de rythme avec ses impulsions électroniques sur chaque temps. On se rappelle de Strangled To Death In A Public Toilet surtout à cause de l’excellent nom de la pièce, aussi parce que c’est la première qui comporte une mélodie à la voix. On retrouve la froideur nocturne de la deuxième piste sur Cryogenic, construite autour d’une boucle réverbérée. Brother Killer détone avec sa sonorité bruitée, expérimentale. Omni Vignette fait étrangement penser à Pleen 1930s avec pratiquement le même mouvement au piano.
Actual Jewels reprend la mélodie d’Omni Vignette, et tombe ensuite dans un excellent passage rythmique électroacoustique. Dead Eyes For Zvlatko/Heaven Theme se déploie en une grande respiration synthétique, épaissie par les claviers ambiants. Le violoncelle échantillonné de Diamonds Aren’t Forever II mène à une apogée bruitée à mi-chemin, et retrouve ensuite la mélodie au piano de DAF I. Upward Evaporation progresse tranquillement vers une finale mélodramatique, montée sur une suite d’accords bouclée. Les trois parties de Hide On The Treads reprennent certains passages de l’album sous forme de pistes bonus.
Écouter The Last Panthers en ayant vu la série télévisée et en faisant les liens avec les personnages, lieux et scènes est certainement l’idéal. Hors contexte, l’album manque malheureusement de mordant, le fameux contraste que l’on retrouve normalement dans la sonorité «clarkienne» en est presque absent. Ce n’est donc pas le bon album pour découvrir Clark, mais une écoute attentive s’impose malgré tout pour les habitués; c’est bien fait, et c’est à la hauteur du talent de l’artiste.
Ma note : 7/10
Clark
The Last Panthers
Warp Records
48 minutes
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