Aesop Rock lançait en avril un septième album déjà. Celui qui a grandi dans l’écurie d’El-P (Run The Jewels) avait exploré différents types d’imageries dans ses derniers efforts. Parfois plus abstrait, comme c’était le cas sur Skelethon ou plus direct et centré sur sa vie quotidienne comme sur ses premiers albums, celui-ci a toujours été reconnu pour ses paroles difficiles à interpréter et centrées sur des événements si personnels qu’elles deviennent quasiment dénuées de sens pour l’auditeur.

Sur The Impossible Kid, le rappeur fait un effort de transparence. Les narrations sont claires, compréhensibles et même si certains vers laissent place à l’interprétation, il est possible de tisser des liens entre ce que nous raconte Aesop Rock et nos propres expériences. Un deuxième point qui n’est pas négligeable sur ce nouvel opus est sa prise en charge de la sitedemo.cauction. On y reconnaît l’influence d’El-P dans son utilisation des échantillons et les effets parfois psychédéliques qui sont utilisés. Le résultat est convaincant et offre un album de rap varié, inspirant autant qu’inspiré et authentique.

Parmi ses proses personnelles, qui sont à la fois touchantes et d’une construction habile, on retrouve Blood Sandwich, une ode aux deux frères d’Ian Bavitz (son «vrai» nom). Dans le rayon des bons coups, Supercell, et sa trame aussi étrange que tripative, montrent les nuances rythmiques dont Aesop est capable derrière le micro. On peut parler aussi de la très El-P, Rings, qui possède une trame sublime avec tout ce qu’il faut de narration posée, en contrôle et tissée de main de maître.

Et ce ne sont pas les seuls moments de grâce sur The Impossible Kid. Kirby, et sa trame mélodieuse et ses images limpides ainsi que ses comparaisons intelligentes titillent le cerveau. Lazy Eye fait une savante utilisation des sons 8-bits tirés de nos années Nintendo; dans le temps où il fallait toujours souffler dans la cassette avant de se lancer dans une partie de Mario 2.

Aesop Rock a visé juste avec cet Impossible Kid. Il a su non seulement se réinventer et pousser ses paroles à un autre niveau, mais il a pris une approche encore plus authentique sans pour autant sacrifier ses images riches. On est devant sans doute son meilleur album en carrière.

Ma note: 8/10

Aesop Rock
The Impossible Kid
Rhymesayers
49 minutes

http://www.rhymesayers.com/aesoprock