Critiques

Wolf Alice

My Love Is Cool

  • Dirty Hits / RCA Records
  • 2015
  • 51 minutes
7,5

Wolf AliceÀ la fin juin, le rock anglais nous présentait son nouveau «sauveur»: Wolf Alice. Formé en 2010 par la chanteuse Ellie Roswell et le guitariste Jeff Oddie, le quatuor, auquel s’adjoignent Joel Amey (batterie) et Theo Ellis (basse), lançait son premier véritable album titré My Love Is Cool. Après avoir lancé un maxi en 2012, le groupe fut immédiatement comparé à Elastica, Garbage et même Hole. Sur ce premier effort, ces influences demeurent présentes, mais les auras d’artistes tels The Joy Formidable et Florence + The Machine s’ajoute au portrait.

Et puis, est-ce que le battage médiatique entourant ce My Love Is Cool est mérité? On serait de mauvaise foi de vous dire le contraire. Ce premier jet est une réussite, même si la réalisation tonitruante de Mike Crossey (Arctic Monkeys, Foals, Keane, etc.) amenuise un peu le plaisir auditif. La bande à Ellie Roswell propose des chansons aussi raffinées qu’explosives et sait orchestrer sa musique avec une minutie qui l’honore. Vraiment, les variations d’ambiances, les superpositions de guitares, les sonorités électroniques, les déflagrations sonores sont toutes parfaitement éparpillées tout au long de cette sitedemo.cauction.

On dénote également un petit penchant bipolaire à Wolf Alice. En effet, la formation s’amuse souvent à alterner entre des morceaux folk-pop/indie-pop à la limite mignard pour ensuite attaquer la jugulaire avec des empoignades guitaristiques incendiaires. Parmi les meilleures déflagrations, on pense immédiatement au bourdon Moaning Lisa Smile, au refrain de Your Loves Whore, au côté punk/grunge de You’re A Germ, à la succincte charge sonore entendue dans Lisbon ainsi qu’à la new-wave titrée Giant Peach. Quand Wolf Alice hurle de cette façon, on adore.

C’est même fort intéressant quand la meute emprunte un virage plus accessible à la Florence + The Machine, malgré qu’on soit tenté de virer un peu plus barjo lorsque ça rock! L’exemple ultime est l’entrée en matière Turn To Dust: une pièce électro duveteuse qui réussit tout de même à captiver. On pense aussi aux ritournelles pop radiophoniques cadencées Silk et Freazy. C’est ce singulier mélange des genres qui normalement aurait dû nous taper royalement sur les nerfs et qui fonctionne à merveille sur ce My Love Is Cool.

Bon. On se calme maintenant le pompon les amis! Avant de s’enflammer devant ce énième «rédempteur» du rock anglais, on va attendre le deuxième effort si vous le voulez bien. Le vieux bouc a les oreilles assez décrassées pour avoir une certaine retenue quant à la canonisation immédiate de Wolf Alice. Les Anglais (nos voisins du Sud également) aiment bien glorifier leurs brebis avant qu’elles n’aient atteint la maturité nécessaire. Ici, on se méfie toujours de l’enthousiasme délirant… une mauvaise conseillère lorsque l’on envisage l’avenir sur le long terme. Qu’à cela ne tienne, Wolf Alice démarre sa carrière sur des chapeaux de roues et il n’y a aucune raison de bouder notre plaisir!

Ma note: 7,5/10

Wolf Alice
My Love Is Cool
Dirty Hit/RCA Records
51 minutes

http://wolfalice.co.uk

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