Critiques

Thurston Moore

The Best Day

  • Matador Records
  • 2014
  • 50 minutes
7,5

Thurston-Moore-The-Best-DayThurston Moore a célébré récemment ses cinquante-six bougies et le grand efflanqué, présentant la mine d’un jeune blanc-bec, ne dérougit pas. En effet, en plus de faire paraître en 2007, Trees Outside The Academy, notre homme a aligné un Demolished Thoughts (2011), réalisé par Beck Hansen, ainsi que le jouissif Chelsea Light Moving (2013) que votre vétéran mélomane s’est administré de nombreuses fois dans les oreilles l’année dernière. Moore est de retour avec James Sedwards (guitare), accompagné de l’incontournable Steve Shelley (batterie) ainsi que de Debbie Googe (My Bloody Valentine) à la basse. Voilà The Best Day!

Encore une fois, ce qui foudroie à l’écoute des premières mesures de l’entrée en matière titrée Speak To The Wild, c’est l’unicité sonore de Thurston Moore. On a affaire à du Thurston Moore tout craché: un musicien identifiable en seulement quelques secondes d’écoute. Que demander de plus? Toujours cet alliage sonore délicieusement dissonant, un tantinet punkisant et détenant des relents hypnotiques absolument captivants. À vrai dire, Moore retourne aux bons vieux accords inharmonieux/mélancoliques, agréablement répétitifs et un brin cannabisants qui se rapprochent de ce qui avait été exhibé dans les nineties par Sonic Youth (Washing Machine, A Thousand Leaves).

En plus de ce rock épique, Moore nous prescrit un détour acoustique quasi zeppelinien avec l’excellente Tape qui rappelle quelque peu The Battle Of Evermore de la légendaire bande à Plant/Page. De plus, le longiligne musicien nous gratifie d’une Vocabularies, mi-électrique mi-acoustique, magnifiquement menaçante. À l’évidence, Moore élabore invariablement ses mélodies sur ses motifs de guitare et ça fonctionne une fois de plus. Certains mélomanes pourraient faire la fine bouche quant la récidivité de la recette, mais en ce qui nous concerne, ce créateur a carrément inventé un «son» et peut acceptablement être captif de sa démarche. Ce The Best Day est incassable parce que les chansons sont totalement au rendez-vous!

Le vieux routier y va de ses meilleurs efforts sur l’obsessionnel, mais romantique (d’une durée de onze minutes) Forevermore, sur le post-punk Detonation, sur l’inquiétante/acoustique Vocabularies, sur la montée dramatique (tout en larsens) intitulée Grace Lake de même que sur la conclusive Germs Burn qui, elle aussi, évoque le bon vieux Sonic Youth. C’est tout bon!

Libéré de l’encadrement de son groupe immortel, on dirait que Moore s’exprime maintenant sans aucune retenue, dynamisant ses chansons d’un alliage guitaristique inspiré. L’artiste est plus que jamais pertinent, palpitant et intéressant. Mes chers lecteurs, voilà la preuve manifeste que la créativité n’est pas seulement l’apanage de la jeune génération! Moore est encore infrangible et fiable. Du rock de premier ordre!

Ma note: 7,5/10

Thurston Moore
The Best Day
Matador Records
50 minutes

www.matadorrecords.com/thurston_moore

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