Critiques

Sloan

Commonwealth

  • Yep Roc Records
  • 2014
  • 58 minutes
7

sloan23La formation power-pop canadienne originaire d’Halifax, Nouvelle-Écosse, nommée Sloan, continue de rouler adéquatement sa bosse depuis sa naissance en 1991. En effet, le quatuor dispense (depuis vingt-trois années déjà) d’efficientes créations rock qui, sans révolutionner le genre, mettent éloquemment en lumière l’excellent travail de songwriting de ces quatre compétents musiciens. Sloan est un groupe foncièrement démocratique, car chacun des membres compose en parts égales les chansons et c’est sans compter que les messieurs s’échangent sans aucune contrainte les instruments en concert.

Sloan est de retour avec un onzième album studio intitulé Commonwealth; un opus concept sur lequel chacun des membres possède sa propre partie distincte: le segment Diamond appartenant à Jay Ferguson, la portion Heart est personnifiée par Chris Murphy, la section Shamrock est d’une gracieuseté de Patrick Pentland et ça se conclut avec une pièce, d’une durée de près de dix-huit minutes, titrée Forty-Eight Portraits, de la part d’Andrew Scott, alias Spade. Si vous êtes perspicaces, vous avez assurément remarqué que ces quatre fragments représentent les quatre rois respectifs meublant un jeu de cartes. De toute façon, la pochette de ce Commonwealth vous donnera un indice assez évident…

Ceci dit, on ne peut reprocher à Sloan de faire du surplace, mais est-ce franchement intéressant? Somme toute, malgré les quelques moments inégaux, ce Commonwealth tient solidement la route grâce encore une fois à cet indéniable talent de compositeurs qui habite Ferguson, Murphy, Pentland et Scott.

Ça débute avec le roi de carreau (Jay Ferguson) qui nous présente cinq morceaux beatlesques, un brin «70’s AM radio» et mélodiquement irréprochable. Par la suite, le roi de cœur (Chris Murphy) propose un univers en dent de scie ponctué de moments pianistiques/orchestraux qui laissent quelque peu sur son appétit. Au tour du roi de trèfle (Patrick Pentlend) d’emprunter un virage rock fort apprécié par l’auteur de ces lignes, enlignant les riffs guitaristiques incendiaires, et ce, dans un enrobage mélodique absolument power-pop. Réussi! Finalement Andrew Scott, le roi de pique, y va d’une pièce-fleuve débutant avec une improvisation percussive à la Tom Waits, flirtant avec les opéras rock issus des années 70 (voire Tommy et Quadrophenia des Who) et s’achevant en apothéose avec une chorale d’enfant. Ambitieux, mais admirable là aussi!

Pas du tout avant-gardiste, loin d’être irréprochable, ce Commonwealth est fort divertissant, car ces vétérans rockers peuvent être considéré comme de fieffés surdoués en ce qui concerne l’écriture chansonnière power-pop. Parmi les ritournelles affectionnées, on a particulièrement apprécié la beatlesque Three Sisters, le captivant pop-rock You Don’t Need Excuses To Be Good, la petit penchant Black Rebel Motorcycle Club titré 13 (Under A Bad Sign), les guitares dissonantes/abrasives enfiévrant Take It Easy, la psychédélique What’s Inside, le côté «roadtrip»/Bachman-Turner Overdrive évoqué sur Keep Swinging (Downtown) ainsi que le morceau phare Forty-Eight Portraits.

Bien entendu, il faut aimer la power-pop aux mélodies mielleuses, réalisées avec minutie et exécutées avec une précision chirurgicale. Sans être une parution audacieuse, Sloan va au bout de ses idées et va surtout au bout de son potentiel mélodique… et c’est déjà énorme pour une formation avoisinant les vingt-cinq ans de carrière. Un fort convenable disque de «canadian rock»!

Ma note: 7/10

Sloan
Commonwealth
Yep Roc
58 minutes

sloanmusic.com

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