Critiques

Philippe Brach

Portraits de famine

  • Spectra Musique
  • 2015
  • 48 minutes
7,5

Philippe Brach— Oui allô, est-ce que je pourrais parler à Pierre Harel, s.v.p.?
— Un instant s.v.p.
(une courte attente avec pas de musique de fond)
— Oui, allô.
— Salut Pierre, ton préféré est de retour!

Oui, Philippe Brach is back. Le jeune homme qui affectionne les thèmes qui frôlent le scatologique et les carences de toutes sortes n’a pas perdu de temps pour faire paraître son nouveau «record». La Foire et l’Ordre a permis au lauréat des Francouvertes 2014 de tranquillement rentrer dans les chaumières québécoises à coup de trames accrocheuses et de poésie qui fait fi de la langue de bois.

Pour ce deuxième album, Brach a opté pour Louis-Jean Cormier à la réalisation. Le précédent effort avait été enregistré en compagnie de Pierre-Philippe Côté qui avait su respecter le côté broche à foin de notre bum sentimental. Cormier aime les trames léchées et bien construites et c’est ce qu’on retrouve sur Portraits de famine.

On retrouve encore Brach «le pas propre» sur Bonne Journée qui ressemble un peu trop à Le Bol… de Bernard Adamus, mais bon, en même temps, ça demeure un bon texte. On a aussi droit à une digression de la musique avec Divagation parlementaire alors que Brach se gâte en disant tout haut ce que plusieurs pensent tout bas de la politique actuelle. Pour vous donner une idée, ça se termine sur la phrase: «c’est une maudite belle journée pour mettre le feu, vous trouvez pas?» On retrouve aussi le côté plus sale de ses chansons particulièrement sur D’amour, de booze, de pot pis de topes qui est particulièrement entraînante. Avec un léger filtre dans la voix de Brach, une batterie hyperactive, des guitares grinçantes, c’est un des beaux moments de Portraits de famine.

On remarque la tendance à la belle toune pop de Louis-Jean Cormier sur plusieurs pièces dont le simple Crystel avec les violons mélodieux qui accompagne Brach du début à la fin. On le retrouve encore une fois sur Alice avec ses doux cuivres. Cette dernière ne sera pas une surprise pour le mélomane qui a vu le jeune troubadour en spectacle au cours de la dernière année. Il la joue depuis un bon bout de temps. Un bon choix de l’avoir enregistrée, car c’est un très beau texte ça aussi. Un autre bon coup sur Portrait de famines est le duo en compagnie de Klô Pelgag qui s’intitule Si proche et si loin à la fois. Leurs deux voix se mélangent à merveille et c’est un bonbon pour les oreilles.

Après plusieurs écoutes, ce qui en ressort, c’est que l’approche de Cormier à la réalisation permettra à Brach d’avoir une meilleure visibilité à la radio commerciale, c’est certain. Par contre, pour le mélomane qui suit le jeune homme depuis un bout de temps, ça risque d’être un peu décevant. C’est comme une coche trop propre pour Brach. C’est comme s’il maquillait pour la première fois ses chansons et ça ne lui rend pas toujours service. Portraits de famine demeure un bon album avec de nombreuses bonnes pièces, bien écrites et savamment construites. C’est de la bonne pop qui fera plaisir aux mélomanes de tous les horizons.