Critiques

Paul Banks

Banks

  • Matador Records
  • 2012
  • 40 minutes
7,5

Mardi dernier, le chanteur, guitariste et parolier de la formation rock alternatif new-yorkaise Interpol, Paul Banks, y allait de son deuxième effort depuis la parution en 2009 du satisfaisant Julian Plenti Is… Skyscraper. En 2010, Interpol nous avait présenté un quatrième album éponyme insipide et soporifique. Donc, à quoi s’attendre du timide et taciturne chanteur à la voix de baryton? Une création sur le pilote automatique ou un retour à la créativité proposée sur son premier disque solo?

Donc, exit le pseudonyme de Julian Plenti afin de faire place à Paul Banks; ce qui laisse présager une affirmation intensifiée de l’individualité artistique du musicien. Sur Banks, notre homme laisse en plan la linéarité et la mécanique prévisible des chansons d’Interpol, afin de faire place à des structures inventives, plus complexes qu’à l’accoutumée, ponctuées d’extraits sonores parlés, de cordes majestueuses, de claviers bondissants, de changements de rythmes inusités et jouissifs. Bien évidemment, les mélodies captivantes et mélancoliques de Paul Banks sont au rendez-vous… et l’ensemble demeure cohérent et intelligible.

Un disque qui se veut personnel et thérapeutique pour le compositeur âgé de 34 ans. Paul Banks a conçu une création qui a de l’âme, et sur cet aspect, il peut dire mission accomplie! Sorti du carcan rectiligne et restrictif offert par Interpol, le britannique de naissance s’éclate fermement, faisant passer ses chansons par toute la gamme des émotions, de la tristesse à l’extase. La réalisation vivante de Peter Kaetis sert de catalyseur aux excellentes pièces concoctées par Banks. Les purs et durs du groupe new-yorkais pourraient être frappés de plein fouet par la grande imagination dont fait preuve Banks sur cette offrande.

Le périple débute admirablement avec la bondissante The Base, l’abordable Over My Shoulder, la quasi planante juste assez déconstruite Arise Awake et l’extatique Young Again. Ça se poursuit efficacement avec l’instrumentale Lisbon, l’excellent riff d’introduction animant I’ll Sue You, la labyrinthique Paid For That, le crescendo pianistique ultime provoquant frisson et titré Another Chance (ma préférée il va s’en dire!) et le refrain explosif meublant No Mistakes. La ballade dans l’univers torturé du songwriter se termine en triomphe avec la déflagrante et prenante Summertime Is Coming.

Malheureusement, ce Banks ne constitue pas une excellente nouvelle pour les inconditionnels d’Interpol, car Paul, de son prénom, semble tout à fait en mesure de se dissocier définitivement de son groupe. Il prouve hors de tout doute qu’il n’a probablement plus besoin d’Interpol pour s’exprimer sans contrainte. Voilà le disque d’un homme libéré, artistiquement parlant, qui laisse anticiper le meilleur pour ce compositeur fort doué. Métaphorique et désarmant!

Ma note : 7,5/10

Paul Banks
Banks
Matador Records
40 minutes

bankspaulbanks.com/

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