Critiques

Nothing

Tired Of Tomorrow

  • Relapse Records
  • 2016
  • 46 minutes
9
Le meilleur de lca

NothingL’année de tournée de Guilty Of Everything n’aura pas été de tout repos pour Domenic Pallermo et le reste de la bande de Nothing. D’abord, après avoir négocié et signé un contrat de disques avec Collect Records, les gars ont su par l’intermédiaire de tous les médias du monde que la boîte était financée par le «pharma bro» Martin Shkreli. Ils ont par la suite quitté le label afin de retourner avec Relapse. Ensuite, les potes de Whirr se sont mis le pied, voir toute la jambe dans la bouche en écrivant des tweets transphobes à l’endroit du groupe punk transgenre G.L.O.S.S. Pallermo et le bassiste Nick Bassett ont chacun perdu un parent et, vers la fin de la tournée, le leader de la bande, déjà connu pour des frasques belliqueuses qui l’ont mené en prison, s’est fait littéralement défoncer la gueule par cinq types après un show à Oakland.

Bien sûr, de telles expériences ont forcément inspiré la création du redouté deuxième album. Étrangement, l’ensemble est plutôt empreint d’un espoir qui perce la noirceur comme des rayons de soleil entre les nuages. On le retrouve sur Fever Queen, la plus shoegaze du lot avec ses murs dynamiques d’accords plaqués qui voilent une mélodie et des paroles qui évoquent des regrets amoureux en demeurant très vagues. Ce paradoxe entre l’ombre et la lumière (copyright Marie Carmen) se retrouve à plusieurs endroits. Par exemple, Vertigo Flowers est un véritable hymne nihiliste («Watch out for those/Who dare to say/“Everything will be OK”/Watch out for those/Who want to be anything at all») livré avec une énergie qui, ma foi, veut vivre pleinement sa vie. Même agencement du côté de Abcessive Compulsive Disorder qui traite des patterns amoureux malsains que Palermo s’inflige sur une trame rock ascendante grunge qui donne le goût de monter sur le top du Mont-Royal pour hurler comme un malade jusqu’à ce que la police débarque. J’exagère à peine.

C’est connu, diverses influences sorties directement des années 1990 tapissent la musique du groupe de Philadelphie. Ce n’est pas nouveau, mais c’est encore plus présent que jamais dans leurs chansons. La balade Nineteen Ninety Heaven est à Nothing ce que Disarm est aux Smashing Pumpkins et Eaten By Worms est une version survitaminée du Creep de Radiohead. Il y a du «hook» au pied carré dans ce nouvel opus qui ratisse clairement plus large que le premier album. Cela dit, c’est tellement irréprochable mélodiquement et addictif qu’on ne peut que leur souhaiter que ça fonctionne encore mieux que la première fois.

Évidemment, ceux qui ne jurent que par le rock garage revival ou la power pop des seventies et qui détestent les années 1990 doivent absolument éviter cet album. De mon côté, j’ai grandi avec une chambre tapissée d’affiches de Kurt Cobain alors que celui-ci était encore en vie. Alors je n’ai pas vraiment besoin de dire que j’ai adoré et que je ne lui ai pas encore rencontré d’égal cette année. Tired Of Tomorrow est un disque plus direct, plus à vif et plus urgent que Guilty Of Everything duquel se dégage une tristesse magnifique et une honnêteté qu’on ne croise plus très souvent dans la musique d’aujourd’hui. All Killer, No Filler!

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