Critiques

Mumford And Sons

Wilder Mind

  • Island Records
  • 2015
  • 49 minutes
2

Mumford & SonsJ’ai découvert Mumford & Sons un peu par hasard, lorsqu’une amie me faisait remarquer que je ressemblais au leader du groupe, Marcus Mumford… la même bouille, la barbe approximative et les cheveux en bataille m’avait-on dit à l’époque. Constat quand même troublant de véracité pour ma part. Mais passons.

C’était au moment où les pièces de Sigh No More (2009) tournaient encore sur les ondes radio. Je me souviens d’avoir aimé quelques titres dont l’emblématique Little Lion Man. Ce folk à la fois emo et libérateur, avec un petit côté «junk band», avait de quoi d’intéressant dans le paysage musical. Surtout pour un groupe britannique…

Puis Babel (2012) est sorti et soudainement cette formule de Mumford et fils semblait moins intéressante… par déficit d’authenticité principalement, mais aussi parce qu’il y a des limites à ce que toutes les chansons d’un groupe commencent doucement pour finir en intensité.

Ce qui nous amène à Wilder Mind. Ici, on était averti: le groupe ayant annoncé que banjo, contrebasse et guitares acoustiques ne seraient pas invités en studio. Un petit renouveau créatif? Pourquoi pas. Rebrasser les cartes pour évider les vieux réflexes. On ne peut pas être contre ça. Sauf si c’est finalement pour sonner comme… Coldplay de la période Mylo Xyloto/Ghost Stories. Car oui, c’est si pire que ça.

L’utilisation du piano, les cordes, l’enrobage nimbé d’effets synthétiques et les montées en climax de la guitare et de la voix ne mentent pas. On est dans les talles du groupe de Chris Martin post-Viva La Vida. Même la voix écorchée de Marcus est ici clarifiée et filtrée par un écho (un peu) faux. Mumford chantant d’ailleurs les refrains sans grande conviction (à l’exception de la trop intense Ditmas) ce qui expliquerait peut-être l’abus d’effets dans le mix final.

Et les textes… là aussi on est dans la manufacture. Prenez Believe ou Broad Shouldered Beasts en exemple. On est ici dans le bon sentiment, dans le cucul, dans le «c’pas grave si t’as pas toutes les réponses, toute ira bien». Les paroles des chansons de Wilder Mind sont aussi juteuses et prévisibles que les cartes de prompt rétablissement que l’on achète en paquet de dix chez Hallmark.

Bref, ce n’est pas juste mauvais parce qu’on a l’impression que les compositions de Wilder Mind ont été passées dans une machine d’arrangements préfabriqués, mais aussi parce qu’il semble désormais irréfutable que Mumford et sa bande sont incapables d’écrire une chanson qui n’est pas qu’un long crescendo.

Après Babel, plusieurs avaient conclu que Mumford & Sons était au final qu’un groupe ordinaire. Le côté «roots» et les bretelles en moins, il est maintenant un groupe ordinaire dont l’originalité aurait été dissoute dans une formule homéopathique. C’est d’ailleurs à se demander à qui s’adresse cet album. Le groupe voulait faire du «adult rock»? C’est la seule explication qui me vient à l’esprit.

Ça ne vaut donc vraiment pas la peine d’écouter ça. Vous allez entendre toutes les tounes dans les lieux publics pour les deux prochaines années anyway. Perdez pas vot’ temps a’ec ça.

Ma note: 2/10

Mumford & Sons
Wilder Mind
Island Records
49 minutes

http://www.mumfordandsons.com

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