Critiques

Mount Eerie

Sauna

  • P.W. Elverum & Sun
  • 2015
  • 55 minutes
7,5

Mount Eerie - SaunaPhil Elverum est Mount Eerie. En 2012, on avait tripé sur Clear Moon et on avait apprécié le concept présenté sur Pre-Human Ideas paru en novembre 2013. En effet, le créateur avait colligé sur ce disque les pièces offertes sur Clear Moon et Ocean Roar en utilisant les dispositifs technologiques nécessaires afin de faciliter l’apprentissage des morceaux regroupés sur ces deux opus. De prime abord, un travail destiné à ses musiciens de tournée. Trois ans après le diptyque Clear Moon/Ocean Roar, Mount Eerie nous revient avec Sauna; un disque varié qui ne constitue ni plus ni moins qu’une anthologie de tout ce que peut créer Phil Elverum.

Aussi méditatif que campé dans la réalité, Mount Eerie, sur ce Sauna, ratisse autant vers des assauts sonores impétueux qu’un folk intimiste à fleur de peau, l’ensemble agrémenté d’expérimentations hermétiques qui ne rebute jamais l’auditeur. Un disque contemplatif somme toute plus varié que les prédécesseurs mentionnés ci-haut. On y entend des références à My Bloody Valentine et à Grandaddy (surtout en ce qui concerne les inflexions vocales d’Elverum), mais toujours avec ce penchant favorable pour une cohabitation entre l’abrasif et le duveteux.

Phil Elverum se fout des convenances/conventions et érige des murs de son évoquant la solitude contemplative et c’est là précisément que réside toute la puissance de l’œuvre de Mount Eerie. Tout au long de l’écoute, les éruptions sonores volcaniques sont entrecoupées d’instants de quiétude émouvants. Bonus? Elverum ponctue ses réalisations de moments empiriques en faisant appel autant à du bidouillage électro que des claviers majestueux.

Le tour de force de ce Sauna? Certes, Elverum expérimente, mais il parvient toujours à nous garder captifs. On se sent aussi confortable que déstabilisé par l’offre sonore de Mount Eerie et peu d’artistes détiennent la capacité de jouer entre ces deux pôles. L’homme nous présente des pièces comme Turmoil (une sorte de rock de «slacker» instable) ou encore Boat (une explosion évoquant autant MBV que Grandaddy) et du même souffle, le maître d’œuvre propose une Youth éthérée/déflagrante ou un folk orchestral prenant comme Pumpkin.

Humble conseil. Ce Sauna est ce genre de création qu’il faut écouter du début à la fin sans interruption et si possible dans une atmosphère propice à l’audition attentive. Difficile de mettre le grappin sur des pistes marquantes, mais votre vieux tripeux a apprécié, en plus des pièces citées ci-dessus, la Pink Floyd-esque (Something) ainsi que le voyage singulier, pratiquement astral/infernal, d’une durée de treize minutes, intitulé Spring; morceau qui renferme en lui-même tout le travail de Phil Elverum.

Sans obtenir l’impact affectif de Clear Moon, Mount Eerie nous invite à visiter des contrées inexplorées tout en nous faisant sentir privilégié de faire partie du périple. Vous voulez connaître ce que symbolise un véritable artiste aux yeux de votre vieux schnock préféré? La réponse: Phil Elverum, alias Mount Eerie.

Ma note: 7,5/10

Mount Eerie
Sauna
P.W. Elverum & Sun
55 minutes

http://www.pwelverumandsun.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=L5Jp0-lVvrw[/youtube]