Critiques

Moonface

Julia With Blue Jeans On

  • Jagjaguwar Records
  • 2013
  • 47 minutes
8
Le meilleur de lca

Spencer Krug est un musicien dans une classe à part. Créatif, techniquement irréprochable, mélodiste habile et poignant, parolier de haut niveau, impliqué dans une multitude de projets musicaux, Krug est un artiste admiré et prisé par ses pairs. Wolf Parade et Sunset Rubdown, maintenant expirés, notre homme a consacré récemment la majeure partie de son temps à son pseudonyme Moonface. En 2011, Moonface avait fait paraître une œuvre de synth-prog intitulée Organ Music Not Vibraphone Like I’d Hoped, suivi en 2012 de Heartbreaking Bravery. Krug était accompagné alors du groupe rock finlandais Siinai.

Cette fois-ci, Moonface survient avec une conception sonore titrée Julia With Blue Jeans On qui met en vedette l’immense talent d’instrumentiste et de compositeur que détient Spencer Krug. La formule? Piano, voix et textes… tout simplement. Notre homme ramène son art à l’essentiel: musique, cœur et beauté.

Au travers les méandres de son parcours musical, Krug n’avait pas encore exploré l’avenue dépouillée/sobre et sur cet opus, le songwriter se permet une entrée en la matière bouleversante. Julia With Blue Jeans On catapulte l’immense talent détenu par Krug dans la stratosphère; une conception sonore mélancolique sans fard, sans dérobade, parfaitement sincère et authentique. Une sitedemo.cauction complètement émouvante qui souligne en caractère gras l’écriture chansonnière lettrée et éloquente de Krug.

Quand un auteur nous balance des perles comme: «And if I’m an animal I am one of the few that is self-destructive/I have chewed through my beautiful muscle/I have chewed through my beautiful narrative», on ne peut que s’incliner devant les attributs poétiques de l’instrumentiste. Une offrande modeste dans sa forme, mais à la fois tellement foisonnante et inépuisable, qu’à l’écoute de ce petit bijou, nous nous sommes vus dans l’obligation d’offrir une déférence sentie à Spencer Krug.

Au niveau de la réalisation, nous saluons énergiquement la prise de son exceptionnel du piano et cette splendide réverbération qui donne de l’ampleur à la voix de Krug, comme si l’interprète exécutait ses compositions directement dans notre salon. Tout bien réfléchi, ce disque fait partie de ceux qui font réellement du bien à l’âme.

Cette élaboration ne renferme aucun morceau faiblard. Bien entendu, nous avons nos préférences: la superbe Everyone Is Noah, Everyone Is The Ark, la frémissante November 2011, la prenante interprétation de Krug dans Julia With Blue Jeans On, le sublime refrain dans Love The House You’re In, la folie pianistique transportant First Violin ainsi que la mélancolique Black Is Back In Style.

Loin de la boursouflure ambiante, de la cacophonie superflue et du culte de la personnalité gonflée à l’hélium si caractéristique de notre époque, Moonface/Krug nous fait cadeau d’une véritable leçon de musique. Pas de super réalisateur pour venir sauver la mise, pas de campagne publicitaire inventive visant à créer un battage médiatique ahurissant, juste un talent supérieur, des mots exquis et une voix singulière. Un disque humble comme il s’en fait de moins en moins. Un «seul au piano» phénoménal!

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