Critiques

Marilyn Manson

The Pale Emperor

  • Cooking Vinyl
  • 2015
  • 66 minutes
7

Marilyn Manson - The Pale EmperorÀ la fin des années 80, un gamin de Floride nommé Brian Warner fait une entrevue avec un Trent Reznor sur le point de changer à jamais le visage de la musique industrielle. Il lui remet au même moment une cassette de son groupe Spooky Kids. Trent écoute cet étrange personnage délirer sur l’Amérique puritaine en évoquant la sodomie, la drogue et la pop culture il est conquis. C’est au moment de signer avec le label de Reznor, Nothing Records, que Marilyn Manson est véritablement né. Le génie de son mentor n’est d’ailleurs pas vraiment étranger au succès fulgurant des deux premiers albums du groupe.

Par la suite, les rapports entre les deux se sont envenimés et le leader de Nine Inch Nails a quitté le bateau, tout comme plusieurs membres du groupe. Depuis, Manson avance ainsi, se nourrissant de l’énergie créative de tous les génies qui ont croisé son chemin depuis Trent (Billy Corgan et Tim Skold, entre autres). En six albums, est-il vraiment nécessaire de souligner que les résultats varient entre hits et remplissages? Même si le précédent Born Villain était sa meilleure offrande depuis longtemps, le succès commercial n’était pas de cet avis et il était grandement temps de se renouveler en allant chercher un nouveau collabo.

Si on a parfois l’impression d’entendre des thèmes de téléséries américaines pendant l’écoute du neuvième album de Marilyn Manson, ce n’est pas un hasard. En fait, l’album est l’oeuvre de seulement deux personnes: le leader de la défunte formation qui porte son nom et le compositeur américain Tyler Bates, à qui l’on doit, entre autres, les trames sonores de Guardians Of The Galaxy, Watchmen et Californication. La chanson Cupid Carries A Gun sera d’ailleurs le thème de la deuxième saison de la télésérie Salem. Drôle de coïncidence.

On retrouve donc la dernière des vraies rockstars dans un univers blues-rock/bayou/glam très propre dans sa saleté (un peu comme une paire de jeans de designer prédéchirée) qui sied assez bien à son univers. Par contre, même si Bates pousse parfois quelques riffs très Manson-esque, ce n’est plus très métal ni même industriel. On reconnaît toutefois l’inimitable signature lyrique de Manson qui saupoudre toujours ses textes de proverbes modifiés («You Are What You Beat») et de provocations bien dosées. Petit bémol au niveau des trois chansons bonus livrées en fin d’album. Elles portent toutes des titres originaux, mais ne vous faites pas avoir: il s’agit en fait de reprises aussi acoustiques qu’inutiles de trois autres chansons de l’album (Third Day Of A Seven Day Binge, The Mephistopheles Of Los Angeles et Odds Of Even).

Les attentes de Manson envers ce disque sont assez élevées et il espère bien pouvoir se ré-établir en tant que roi du filon mainstream de la provocation. On lui souhaite que ça marche même si, contrairement à ce qu’il affirme en entrevue, il ne s’agit pas de son meilleur album depuis Antichrist Superstar. Mechanical Animals n’est même pas menacé ne serait-ce que deux secondes de perdre ce titre. Oh que non.

Ma note: 7/10

Marilyn Manson
The Pale Emperor
Cooking Vinyl
66 Minutes

http://www.marilynmanson.com

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