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Les Quartiers d’Hiver 2015: première édition

1237578_356888937806618_8101107144028506892_n15h55, le jeudi 29 janvier 2015: un jeune et brave montréalais (aussi connu sous le pseudonyme LP Labrèche) pose le pied sur le pavé de Rouyn-Noranda, prêt à conquérir la ville. 15h56, le jeudi 29 janvier 2015: ce même jeune montréalais s’exclame: «fait ben frette tab&*!!!». Qu’à cela ne tienne, armé de courage (et d’une couple de paires de bas de plus), j’ai affronté le temps hivernal pour vivre la première édition des Quartiers d’Hiver. La version enneigée du FMEAT naissait cette année et j’ai eu la chance d’assister à la mise à bas. C’était presque aussi émouvant que la naissance d’un poulain.

Annoncés un peu à la dernière minute, les Quartiers d’Hiver ont tout de même compté sur une excellente programmation. Moins exhaustive que sa version estivale, on avait tout de même droit à trois jours de spectacles et 29 groupes… tout sauf maigre. La première soirée, un Agora des Arts complet mettait en vedette Groenland. La formation montréalaise y est allée de ses hits (autrement dit pas mal toutes les chansons de son premier album) ainsi que deux nouvelles pièces et deux reprises. Ces deux dernières m’ont fait crier comme une fillette: une version réussie à merveille de Retrograde de James Blake et Oblivion de Grimes réaffirmant dans le détour la force et la versatilité de la voix de Sabrina Halde. C’est sans compter les chemises des garçons de la formation et Jean-Vivier Lévesque qui, encore une fois, s’est avéré tout un boute-en-train, faisant rire la salle quelques fois.

La première partie était assurée par Émilie & Ogden, une belle douceur qui réchauffait le coeur du froid extérieur. La jeune femme était accompagnée par Jesse Mac Cormack qui était franchement efficace autant à la guitare qu’à la basse. Un groupe à surveiller cette année. Puis, c’est la jeune Caroline Keating, qui est venue présenter ses pièces intimistes, jouées seul au piano. Celle-ci connaît un certain succès en Europe, mais tarde à sortir de l’ombre chez elle. Elle nous a envoyé une valse tout simplement magnifique. Ah oui… pis Pierre Karl Péladeau est venu serrer quelques mains, «course au leadership style».

Vendredi, j’ai essayé l’installation Strangers mettant en vedette Patrick Watson. Voici le concept: vous mettez un Oculus Rift (une sorte de casque de réalité virtuelle) et vous vous retrouvez dans le studio de Watson. Celui-ci, après un petit numéro de clown particulièrement réussi, vous chante Strangers et vous pouvez explorer en 3D son studio. C’est une expérience hautement intéressante et surtout pas mal unique. Et vous constaterez que un, la réalité virtuelle cogne à la porte et que deux, Pat Watson, c’est un «funny guy»!

En soirée, pendant que les jeunes fous de Technical Kidman réchauffaient le Paramount, j’étais assis bien confortablement à l’Agora des Arts pour écouter Catherine Leduc nous livrer les pièces de son plus récent record: Le Rookie. Elle nous a submergé avec Il faut se lever le matin pour enchaîner avec Préambule, ce qui a charmé la salle. Leduc a laissé voir toute son humanité en nous expliquant TOUTE l’histoire derrière Polatouche (son frère en a déjà pris un dans ses mains après un pari dans une fête). C’était un beau moment d’authenticité.

Puis Max Jury, un jeune américain de 21 ans (qui se les étaient gelés à la pêche sur la glace dans la journée) est venu nous chanter son folk/country/americana. Le sensible moineau (c’est comme ça qu’on appelle les gens de Des Moines, right?) a entre autres conquis la foule grâce à Black Metal et Christian Eyes. Finalement, c’est la formation de rock atmosphérique Monogrenade qui a fermé la marche avec ses montées puissantes et sa belle section de corde (et je vous jure que je parle bien de la musique et non du joli minois des quatre demoiselles). Et difficile de contredire Jean-Michel Pigeon lorsqu’il déclare que le FME, c’est le meilleur festival du monde. En tout cas, si ce n’est pas du monde, certainement du Québec. Parmi les bons moments? Ce soir issu de Tantale et Le Fantôme avec une partie instrumentale hors de ce monde. Une chose qui marque en live, c’est le talent fou de Mathieu Colette à la batterie. Lorsqu’on l’observe bien, il nous coupe le souffle avec ses nuances intelligentes et sa rapidité digne du Roadrunner. Le groupe a même terminé sur une version ralentie de J’t’emmène au vent de Louise Attaque… tout simplement magnifique.

Le FME est réputé pour ses surprises et les Quartiers d’Hiver n’allaient certainement pas déroger à la tradition. Avant les spectacles de fin de soirée, le duo Fire/Works nous attendait dans le sous-sol pour venir nous livrer les pièces de l’excellent Shenanigans. En sirotant un vin chaud, le public a eu droit à une touchante Underneath Your Skin, une entraînante Khym, une intime Bicycle Thief, un Grand Voyageur charmant et une puissante Elephants. Puis, Pierre Kwenders a amené avec lui ses rythmes chauds pour réchauffer la foule du Diable Rond. Les popotins se sont trémoussés sur Ani Kuni et Popolipo, morceaux cadencés par Julien Sagot aux percussions. Si bien des gens ne semblaient pas connaître Kwenders à leur arrivée, ils sont repartis après avoir dansé en masse, le sourire aux lèvres.

Tout ce beau monde a déménagé au Bar des chums pour continuer la fête alors que certains mangeaient déjà une poutine de fin de soirée chez Morasse… Rouyn, tu me manquais déjà.

Samedi matin, en me rendant compte que c’était déjà la dernière journée, j’ai senti l’effet de cette journée de moins. C’est court finalement trois jours… En soirée, c’est le rock qui était à l’honneur au Paramount. Au menu? Heat, Chocolat et Elephant Stone. Heat a ouvert en force avec son rock qui a un petit quelque chose de The War On Drugs. Ils ont enfilé les pièces du maxi paru l’été dernier: Susisfine, Rooms, 25 et quelques autres pièces qui se retrouveront probablement sur leur premier album déjà attendu. Le quatuor montréalais a laissé la salle avec un mur de son particulièrement délicieux.

Chocolat a par la suite pris la scène pour venir jouer le rock de son dernier album Tss Tss. SOLIDE performance de cette gang de bums aux cheveux longs qui fait brûler de l’encens. On remarque toute la force mélodique de la basse d’Ysaël et les longs moments de jams rajoutés à Méfiez-vous du Boogaloo. Mais c’est Interlude qui a donné le plus beau des moments alors que l’instrumentation était à l’œuvre dans un long instant de pure extase pour les oreilles. On se remettait à peine de nos émotions que la formation Elephant Stone est embarquée sur scène. Certains avaient fait défection pour aller assister à un autre spectacle et ils avaient tort! Le quatuor a sorti la cithare et a ensorcelé la salle tel un charmeur de serpent. Les pièces tirées de The Three Poisons étaient excellentes alors que la foule devenait réceptacle des rythmes psychédéliques de la formation, buvant avec plaisir les mélodies rappelant les sixties.

Finalement, je me suis dirigé vers Le Diable Rond pour une dernière dose de rock avec The Muscadettes et Jesuslesfilles. Le duo de soeur Chantal et Kathleen Ambridge flirte avec le surf rock et le grunge, alliant mélodie entraînante et énergie qui déménagent. Joe Gagné (Les Breastfeeders) et Thomas Augustin (Malajube, Jacquemort) notamment, complétaient la formation. La foule semblait charmée par leur rock contagieux. C’est finalement à Jesuslesfilles que revenait la tâche de fermer la soirée. C’est avec la rutilante Cinema qu’ils ont entamé la nuit pour ensuite jouer plusieurs pièces de l’excellent Le grain d’or dont la bruyante Super Mastermind, l’accrocheuse Gentil et la dissonante ≥ fort. Une belle façon de clôturer cette première édition d’hiver. Certains motivés ont tout de même pris leur courage à deux mains pour rejoindre le Paramount où se déroulait la Nuit Électro avec entre autres Surfing Leons.

Une première édition pas parfaite, mais drôlement accomplie des Quartiers d’Hiver. Je le répète à chaque fois (mais c’est que ça ne se dément pas), c’est une organisation solide qui chapeaute le tout et ça paraît dans tous les aspects de la fin de semaine. L’accueil est impeccable, les salles remplies et puis le froid abitibien nous rappelle qu’il fait pas si froid chez nous… ben sauf si on habite l’Abitibi… dans ce cas là, y fait frette en Tab&?*$%!!! L’année prochaine, paquetez vos suits de ski-doo, l’hiver vous attend à Rouyn-Noranda.

http://quartiersdhiver.com/