Critiques

Lana Del Rey

Ultraviolence

  • Interscope Records
  • 2014
  • 52 minutes
7,5

8dda5e1bLe 14 janvier 2012, Lizzie Grant, ou plutôt son alter ego Lana Del Rey, s’est pointée sur le plateau de Saturday Night Live pour livrer une performance qui fait encore parler d’elle à ce jour. Ses détracteurs s’en servent immanquablement pour la descendre et ses fans, au contraire, ont beaucoup apprécié voir quelques craques dans le vernis.

Contrairement à la majorité des sitedemo.cauits pop qui nous sont vendus aujourd’hui, Lana Del Rey est un personnage très complexe. Elle écrit toutes ses chansons elle-même et elle se donne corps et âme pour nous vanter les joies de la richesse, du fric et du pouvoir, mais aussi, et surtout, l’envers de la médaille, le côté sombre du showbiz. Avec elle, on a toujours l’impression qu’une terrible menace plane, mais que ce n’est pas trop grave, parce que notre déprime de «rich kid» nous empêche de vivre pleinement le drame. Lana, c’est un peu le personnage de Kristen Dunst dans Melancholia qui évolue dans un film noir de la fin des sixties finalement.

Pour son troisième album, elle délaisse le phrasé hip-hop qui pimentait la musique de Born To Die en plus d’ajouter beaucoup à son charme de chanteuse. Faut-il s’en inquiéter? Pas vraiment puisque tout ce que l’on perd en terme d’originalité, on le gagne en cohérence et en assurance. Dan Auerbach (le Black Keys en chef) livre une sitedemo.cauction bien enracinée dans le blues et le rock tout en laissant presque toute la place à la Del Rey et son spleen, qui sont encore les vedettes de leur propre show. On remarque sa présence surtout lorsque des solos de guitare bien sale se font entendre à la fin de Shades Of Cool et Pretty When You Cry.

Par ailleurs, Lana fait un tout petit peu dans la redite (Old Money et son refrain semblable à Blue Jeans de l’album précédent) mais nous offre quelques-unes de ses meilleures chansons en carrière. Je pense à l’excellent premier extrait West Coast et son vidéoclip qui résume très bien les deux facettes du personnage (de jour, elle «chill» sur la plage avec ses amis et son copain à veste de cuir, le soir, elle se fait taponner par un vieux riche dans une limousine). Je pense également à Fucked My Way Up To The Top, dont la qualité surpasse nettement le côté «shock value» du titre et à Brooklyn Baby, titre qui est clairement un hommage au Velvet Underground, du temps que Nico y poussait la chansonnette. Globalement, on s’ennuie beaucoup moins qu’à l’écoute de Born To Die, disque beaucoup plus inégal.

Je ne sais pas si un quatrième album sera pertinent sans changement majeur de thématique, reste que c’est à la toute fin de l’album que Lizzie nous donne un aperçu de la direction que pourrait prendre Lana, grâce à une reprise de The Other Woman, chanson jazz popularisée par Nina Simone. Un choix intelligent, comme on dit.

Ma note: 7,5/10

Lana Del Rey
Ultraviolence
Interscope
52 minutes

lanadelrey.com

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