Critiques

John Cale

Shifty Adventures In Nookie Wood

  • Double Six Records
  • 2012
  • 54 minutes
5,5

Le canonisé artiste originaire du Pays de Galles et illustre fondateur du légendaire Velvet Underground, John Cale, lançait, il y a quelques temps déjà, son énième album intitulé Shifty Adventures In Nookie Wood. Connu pour son travail aux allures rock, le vétéran a également flirté par le passé avec la musique classique et expérimentale. Quelques œuvres majeures viennent chapeauter son portfolio sonore, tel que le superbe Paris 1919 et la trilogie Fear, Slow Dazzle et Helen Of Troy, tous parus au début des seventies.

Voilà le vénérable créateur âgé de soixante-dix ans de retour avec une nouvelle création minaudant vigoureusement avec les sonorités électroniques, alliées à des compositions résolument accessibles. Première impression frappante : la voix de Cale surprend par sa rondeur, sa justesse et son acuité. À cet âge, rares sont les chanteurs en mesure d’interpréter avec autant d’assurance. Bravo!

Par contre, les morceaux assemblés sur ce Shifty Adventures In Nookie Wood surprennent par leurs nombreux ascendants électro-pop. Dans notre cas, est-ce une question de conditionnement auditif compte tenu que nous sommes plutôt accoutumés à entendre John Cale dans un format beaucoup plus bruyant et dissonant? Et c’est pour cette raison qu’une sensation bizarre nous a accompagné tout au long de l’écoute; comme si la réalisation et les choix sonores de Cale semblaient anachroniques et démodés. De plus, certaines pièces faiblardes amoindrissent l’impact qu’auraient pu obtenir cette œuvre.

On en veut pour preuve la pop bondissante déjà-vu titrée Scotland Yard, la soporifique Hemingway, l’inefficace December Rains, la faussement déconstruite et empirique Vampire Cafe et la très douteuse et endormante Midnight Feast. Par contre, le vieux briscard y va de ses meilleurs élans avec I Wanna Talk 2 U (en duo avec Danger Mouse), la « dance-rock » pianistique Face To The Sky, la touchante ballade Mary, la singulière et intelligible Nookie Wood, l’entraînante Mothra et la piste la plus rock de l’album nommée Living With You.

Au bout du compte, John Cale propose un Shifty Adventures In Nookie Wood en dent de scie; surtout que le musicien, compositeur, auteur et réalisateur nous a déjà habitué à beaucoup plus et beaucoup mieux. Une conception musicale où la facette inharmonieuse et tordue des chansons de Cale est remplacée par des atmosphères bourrées de claviers, de grooves, de rythmes électros, et plus particulièrement, de morceaux qui paraissent parfois inachevés; l’ensemble remémorant un peu trop la « belle » époque des années 80. Qu’à cela ne tienne, ça demeure un disque tout à fait comestible mais qui est loin de rencontrer les standards crées par Cale lui-même. Convenable sans plus…

Ma note : 5,5/10

John Cale
Shifty Adventures In Nookie Wood
Double Six Records
54 minutes

john-cale.com/

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