Critiques

Fuck Buttons

Slow Focus

  • ATP Recordings
  • 2013
  • 52 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Fuck-Buttons-Slow-FocusC’est le retour attendu des Britanniques de Fuck Buttons, qui se sont taillés une place de choix dans le paysage musical en brossant des tableaux sonores gargantuesques exprimant une furie jubilatoire à partir de simples claviers Casio et divers effets et échantillonneurs. Les albums Street Horssing en 2008 et Tarot Sports en 2009 nous ont fait découvrir un groupe qui se disait influencé tant par Mogwai que par Aphex Twin. Après ces deux albums en rafale, le groupe s’est fait discret. Les deux membres se sont consacrés à des projets solos (Benjamin John Power avec l’ambiant sombre de Blanck Mass, Andrew Hung avec le cérébral et insondable Dawn Hunger) et à une participation remarquée à la trame sonore de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Londres.

Si le groupe a mis un peu plus de temps à préparer ce troisième album, c’est sans doute imputable à sa décision de faire soi-même le travail de réalisation après avoir laissé John Cummings de Mogwai et Andrew Weatherall de Two Lone Swordsmen manipuler la console pour les albums précédents. La différence dans la réalisation de Slow Focus est somme toute minime. Le changement le plus apparent est plutôt dans la patience dont fait preuve le duo dans le développement de ses idées. Il arrive à faire du nouveau en ne forçant pas aussi souvent le moment fort à tout prix et en se permettant des variations plus marquées à l’intérieur d’une même chanson.

Brainfreeze démarre l’album de façon saisissante et dans un mode qui sera familier aux fans des premiers albums. Vient ensuite la première véritable surprise de Slow Focus, Year Of The Dog, une pièce plus courte sans rythme défini qui juxtapose des sons métalliques cristallins à une mélodie qui semble bâtie à partir d’un enregistrement d’échographie. L’autre pièce courte de l’album, Prince’s Prize, se développe de façon imprévisible autour d’un rythme soutenu.

The Red Wing, premier simple de l’album, est étrangement dansante malgré sa structure vacillante. On croirait entendre Kieran Hebdan ayant avalé Black Dice, gardant ses traits techno en cachant tant bien que mal la forme saugrenue dans son ventre.

Les deux dernières pièces de l’album, Stalker et Hidden XS, sont cependant les meilleurs exemples de ce que je décrivais comme la patience dont Fuck Buttons fait maintenant preuve. Elles progressent sans se presser et empilent les textures et les motifs. Plus que de simples crescendos inspirés du post-rock, elles gagnent en intensité tout en mariant certaines des sonorités synthétiques les plus chaudes et les plus rudes que vous ayez entendues.

Fuck Buttons n’ont rien perdu de ce qui a fait d’eux un des groupes les plus remarqués des dernières années. Leur intensité sauvage est intacte, et les sonorités sont encore plus recherchées qu’auparavant. En écoutant l’album, je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est la musique que j’aurais souhaité entendre de Boards Of Canada depuis Geogaddi. Fortement recommandé aux amateurs de musique si imposante qu’elle en devient presque étouffante, dans la lignée de groupes phares comme Mogwai, Spacemen 3 et les quinze dernières années de Boredoms.

Ma note : 8,5/10

Fuck Buttons
Slow Focus
ATP Recordings
52 minutes

www.atpfestival.com/recordings/artist/fuckbuttons/view.php

[youtube]http://youtu.be/_rXqLCJsqEg[/youtube]

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