Critiques

Forêt

Forêt

  • Simone Records
  • 2013
  • 36 minutes
8,5
Le meilleur de lca

foret_foretDepuis une semaine, nous avons les oreilles en pleine Forêt, nom du duo musical montréalais et également titre de son premier opus. Une forêt souvent opaque et fantomatique, mais où quelques rayons de soleil jaillissent ici et là entre les branches musicales. Forêt, c’est Émilie Laforest à la voix et Joseph Marchand à la guitare. Mais c’est aussi – et beaucoup – les textes de la poète Kim Doré et la co-réalisation du karkwaien François Lafontaine et de Joseph Marchand. Le duo est en fait ici un quatuor.

Dès les premières écoutes de ce disque, on pense à Blonde Redhead: pour le clair filet de voix de miss Laforest, qui rappelle celui de Kazu Makino; pour les petits bruits d’électro, entendus dans les recoins de certaines compositions; pour cet amour des ambiances. On écoute encore. Cette fois, on perçoit un peu de Portishead à gauche, un peu de The Raveonettes à droite…

Car comme pour ces groupes, Forêt aime le planant. C’est évident. Mais autant le duo favorise l’amplitude de l’auditeur par la présence d’envolées lyriques, de chœurs féminins tout-légers, d’une vocalise claire et d’une guitare aux cordes finement pincée, autant il le plaque au sol grâce à une lourde et prédominante batterie, de tortueux claviers et quelques coups de guitares électriques ou de piano bien envoyés.

Le travail de tous les instants des protagonistes pour bien enraciner la musique de Forêt dans nos oreilles fait cependant ombrage aux textes signés Kim Doré. Et c’est malheureux, parce qu’en s’y attardant attentivement, on s’aperçoit qu’ils cadrent à merveille dans cet univers tout en opposition.

Il faut donc tendre l’oreille pour bien saisir les propos ensevelis sous toutes ces sonorités. Mais il s’y trouve des perles. Deux exemples parmi tant d’autres:

« Comment faire pour dormir /
Quand les miroirs se brisent /
Avec toutes les images /
Qui se cachent sous mon lit »
– Sur la chanson Le sucre de mes larmes ;

Et:
« Regarde-nous faiblir /
Aspirer, disparaître /
Nous avançons dans nos souvenirs /
Vers le plus beau naufrage »
– Sur la chanson La Cage.

Des textes poétiques, en harmonie avec la pop vaporeuse jouée par le duo et réalisée par Lafontaine. On le répète: ils auraient gagné à être mieux entendus. N’empêche; Forêt accouche ici d’un premier grand disque, d’une finesse certaine où la recherche musicale a porté ses fruits.

Ma note: 8,5/10

Forêt
Forêt
36 minutes
Simone Records

www.foret.mu

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