Critiques

The Jesus and Mary Chain

The Jesus and Mary Chain – Damage and Joy

  • Artificial Plastic Records
  • 2017
  • 53 minutes
7

En 1985, une petite bombe musicale paraissait chez tous les bons disquaires indépendants de l’époque : Psychocandy, de la formation The Jesus and Mary Chain. À l’époque, les frères William et Jim Reid ne se doutaient probablement pas que leur création serait aujourd’hui considérée comme l’un des albums cultes de la « noise pop ». Aujourd’hui, la totale saturation des guitares (j’insiste sur le mot « totale ») combinée aux mélodies pop-surf-années 50 de Jim Reid sonnent merveilleusement bien. Bien entendu, ce Psychocandy a inspiré moult créateurs rock, de My Bloody Valentine en passant par Sonic Youth jusqu’au Pixies et j’en passe.

Après la sortie du mésestimé Munki, paru chez Sub Pop en 1998, les frangins Reid, ne pouvant plus se blairer mutuellement, ont décidé de mettre fin à l’aventure. En 2007, le temps avait cicatrisé les plaies et les Jesus sont revenus à la vie en participant à quelques concerts, festivals, tournées et collaborations, revisitant leur bon vieux stock. Bien sûr, les fans du groupe étaient ravis, mais ne s’attendaient sûrement pas à entendre de nouvelles chansons de la part des Écossais. 19 ans après Munki, voilà que paraissait vendredi dernier un nouvel album intitulé Damage and Joy.

Enregistré en Espagne, sous la férule de Martin Glover, alias Youth (co-fondateur des mythiques Killing Joke), The Jesus and Mary Chain y vont de chansons pour la plupart écrites et composées, il y a plus de 10 ans… et à mon grand étonnement, ce Damage and Joy, même s’il sonne un peu vieillot (c’est tout à fait normal) tient solidement la route. Même si ça ne surprend guère, même si on y décèle une légère désuétude, on retrouve intacte la recette et le son qui a permis aux cinglants frères Reid de faire leur marque dans l’histoire du rock.

Cette mixture de guitares saturées, parfois dissonantes, ponctuées des habituels larsens et de ces mélodies totalement accrocheuses, fait que ce Damage and Joy est un retour réussi. De toute évidence, on reconnaît les tics du groupe et on associe souvent les nouvelles chansons aux anciennes. Les Jesus n’ont jamais été reconnus pour leur dextérité musicale, mais ils ont quand même le grand mérite de nous suggérer une majorité de bonnes pièces. On ne peut en dire autant du dernier Pixies, par exemple…

Moins cacophonique que Munki, Damage and Joy est une sorte de « best of » de tout ce qu’a accompli le groupe au cours de sa carrière. Les frérots Reid se font plaisir, demeurent dans leur zone de confort et lancent un disque à la hauteur de leur illustre passé. Quelques invités féminins viennent bien entendu bonifier le travail du groupe : la soeurette Linda Reid, Bernadette Denning (copine de William), Sky Ferreira et la sublime Isobel Campbell prêtent leur voix à quelques occasions.

Parmi les réussites? Song for a Secret fait sourire, malgré la ressemblance évidente au succès Sometimes Always, mettant en vedette Hope Sandoval, et paru sur Stoned and Dethroned. Le petit « hook » de guitare, un peu tout croche et qui conclut Two of Us, amuse. Facing Up the Facts grafigne les tympans… comme le faisait jadis Sidewalking. La ballade de poteux/désoeuvrés Los Feliz (Blues and Greens) donne envie de s’en rouler un p’tit et Mood Rider est du Jesus pur jus.

Damage and Joy est un album franchement nostalgique. Rien de bien grave là-dedans, tant que les chansons sont au rendez-vous et sans blague, ce nouvel album est d’une efficacité redoutable. On ne peut rien demander de plus à ces vieux briscards.

Ma note: 7/10

The Jesus and Mary Chain
Damage and Joy
Artificial Plastic Records
53 minutes

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