Critiques

Lindsey Buckingham + Christine McVie

Lindsey Buckingham/Christine McVie

  • Atlantic Records
  • 2017
  • 39 minutes
4

Fleetwood Mac nous a donné certains des albums pop les plus réussis des années 70, dont le classique Rumours et le ténébreux Tusk. L’idée d’un album réunissant deux des membres de la période la plus glorieuse du groupe s’annonçait donc intrigante. Or, Lindsey Buckingham et Christine McVie livrent ici un disque fade, au point où l’on se demande bien pourquoi ils se sont embarqués dans cette galère.

Sur papier, ce nouvel album ressemble étrangement à du Fleetwood Mac. En effet, non seulement le batteur Mick Fleetwood et le bassiste John McVie y apparaissent-ils comme musiciens invités, mais certaines des chansons étaient destinées à un éventuel retour sur disque du groupe légendaire, qui ne s’est finalement jamais matérialisé, en bonne partie en raison des réticences de la chanteuse Stevie Nicks.

Les problèmes maritaux ayant marqué la carrière de Fleetwood Mac ont déjà été très documentés. Ainsi, c’est en 1975 que le guitariste Lindsey Buckingham s’est joint au groupe, insistant à l’époque pour que sa compagne Stevie Nicks fasse elle aussi partie de l’aventure. Or, leur relation battait déjà de l’aide et les deux se sont finalement séparés quelques mois plus tard, en même temps que le bassiste John McVie et sa femme Christine divorçaient. Ajoutez à cela le fait que Mick Fleetwood a également entretenu une relation avec Nicks, et vous avez tous les ingrédients d’un épisode de Top modèles, ce qui a servi de matière première au génial Rumours, comme quoi les pires épreuves peuvent aussi se révéler des sources d’inspiration…

Mais on s’égare ici. L’idée, c’est que Buckingham et McVie se connaissent depuis des décennies et ont vécu bien des hauts et des bas ensembles. En annonçant la sortie de leur album en duo il y a quelques mois, la chanteuse s’est demandé pourquoi ils ne l’avaient pas fait plus tôt, tellement cette collaboration lui semblait naturelle. Sauf qu’on se demande, au contraire, à quoi a pu servir pareil exercice.

Le problème n’en est pas un de composition, mais plutôt d’enrobage sonore. En effet, Buckingham et McVie ont signé certains des titres les plus aboutis du répertoire de Fleetwood Mac (Over My Head, Don’t Stop, Go Your Own Way, Not That Funny, etc.), et on ne perd pas si facilement un tel talent pour les hymnes pop mais raffinés. On reconnaît d’ailleurs leur signature dans le refrain rassembleur de la chanson Red Sun ou dans la nostalgie de Carnival Begin, seul titre qui renvoie au côté un peu plus sombre qui a toujours caractérisé la musique de Fleetwood Mac

Mais l’album est bourré d’effets bon marché qui donnent l’impression d’un disque qu’on retrouverait en vente au comptoir d’une pharmacie. Oui, Mick Fleetwood et John McVie ont contribué à certaines pistes, mais ce qu’on retient surtout, ce sont les lignes de basse ou de batterie programmées au synthétiseur. Même les voix (celle de Christine McVie est encore très puissante) sont saturées d’écho ou de réverbération, et le tout sonne très générique. Et je ne vous parle pas de ces percussions (maracas, tapements de mains) qui prolifèrent sur la plupart des morceaux…

Pour moi, l’album se résume un peu à sa pochette, sur laquelle on voit une Christine McVie toute souriante et un Lindsey Buckingham qui semble s’emmerder solide. On se demande même s’ils ont été photographiés ensemble ou s’il s’agit d’un montage, tellement on n’y sent aucune complicité. Bref, pour retrouver la magie de Fleetwood Mac, mieux vaut se retaper Rumours ou Tusk, ou pourquoi pas le méconnu Future Games, sorti avant que la formation ne devienne un phénomène…

Ma note: 4/10

Lindsey Buckingham/Christine McVie
Lindsey Buckingham/Christine McVie
Atlantic Records
39 minutes

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