Critiques

Cloud Nothings

Life Without A Sound

  • Carpark Records
  • 2017
  • 37 minutes
7

Au risque de me répéter, je réitère toute l’admiration que j’ai pour Dylan Baldi, le jeune meneur de la formation Cloud Nothings. À un si jeune âge, être en mesure d’écrire d’aussi bons brûlots rock, ça relève de l’exploit. En 2012, j’avais fait la critique d’Attack On Memory; un disque où les références à Nirvana étaient manifestes, mais où l’indéniable talent de Baldi venait compenser ce minuscule impair de jeunesse. En 2014, Cloud Nothings faisait un petit bon en avant avec Here And Nowhere Else. Réalisé par l’omniprésent John Congleton (Kurt Vile, Angel Olsen, St. Vincent, etc.), Baldi amorçait alors une transition entre une pop-punk juste assez accrocheuse et un post-punk à la Wire. Il se fait bien pire comme ascendant, n’est-ce pas? 

Vendredi dernier, paraissait Life Without A Sound, une création rock réalisée cette fois-ci par John Goodmanson, l’homme derrière Misery Is A Butterfly de Blonde Redhead. Ce nouvel album célèbre aussi l’arrivée d’un nouveau guitariste accompagnateur : Chris Brown. La bande, résidente de la ville de Cleveland, Ohio, poursuit sa lente transition vers un post-punk plus sombre aux refrains moins accrocheurs. Bref, le jeune Baldi fait un pas de plus vers la sacro-sainte maturité, mais évite de se perdre dans les méandres pépérisantes d’un rock convenu. Ça brasse autant qu’avant (et même plus), car les guitares empruntent par moments à une certaine esthétique « shoegazienne ». La conclusive Realize My Fate est éloquente en ce sens et, combinée aux hurlements bien sentis de Baldi, j’ai eu l’impression que c’est cette direction musicale que devrait dorénavant arpenter Cloud Nothings.

Pourquoi? Parce que Life Without A Sound n’est pas tout à fait assumé. Autant, j’ai été séduit par l’explosivité des guitares, remémorant parfois le meilleur de Trail Of Dead, autant l’inclinaison accrocheuse des chansons de Baldi s’amenuise, comme si les deux forces de Cloud Nothings n’étaient pas encore tout à fait bien malaxées.

Cela dit, c’est loin, même très loin d’être mauvais. Baldi est encore en mesure de nous balancer des riffs qui tuent et quelques refrains matraques. Le fragment guitaristique en introduction de Things Are Right With You atteint la cible, la mélodie qui conclut Enter Entirely est un grand cru et le refrain dans Modern Act fait office de ver d’oreille. L’influence de Cobain est encore bien sûr présente, entre autres dans Strange Year, mais j’ai senti que le virage créatif amorcé sur Here And Nowhere Else s’accentue vers quelque chose de moins mélodique, de plus costaud et de plus complexe.

Est-ce que Baldi pourrait encore plus s’éclater en mode solo? Probablement. Néanmoins, je demeure convaincu que Cloud Nothings n’a pas encore tout dit et n’a surtout pas conçu son « grand disque ». La prochaine galette fera foi de tout. D’ici là, ne boudez pas votre plaisir. Simplement pour constater encore une fois l’immense talent qui habite Baldi, Life Without A Sound vaut la peine d’être entendu.

Ma note: 7/10

Cloud Nothings
Life Without A Sound
Carpark Records
37 minutes

http://www.cloudnothings.com/