Concerts

MUTEK 2022 | 27 août : SIM, Korea Town Acid, Pierce Warnecke & Matthew Bierderman, Cyril Meroni & Olivier Vasseur, Elias Merino & Tafej Droljc, Myriam Bleau et Olivia Lathuillière

Le jour 5 du festival MUTEK était marqué par la deuxième soirée A/Visions au Théâtre Maisonneuve, ainsi que deux prestations inoubliables à Nocturne 4 et Play 3, et un peu d’atmosphère festive à l’Esplanade Tranquille. Pas de bouchons nécessaires pour cet itinéraire du samedi soir, ou presque.

Expérience 5 / Esplanade Tranquille

Crédit : Vivien Gaumand

SIM

J’ai eu le temps d’attraper la fin du concert du Montréalais SIM, qui faisait vibrer le sol de l’Esplanade en deuxième partie des prestations extérieures gratuites. Ses polyrythmes inspirés du dancehall et de la techno alimentaient le public plus nombreux, prêt pour un samedi festif.

Crédit : Vivien Gaumand

Korea Town Acid

J’ai également pu attraper une partie du début de la prestation de Korea Town Acid qui a ralenti un peu le tempo et allégé le mix avec son atmosphère lounge et ses séquences rythmiques texturées.

A/Visions 2 / Théâtre Maisonneuve

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Pierce Warnecke & Matthew Bierderman

La collaboration franco-canadienne/québécoise entre Pierce Warnecke, Matthew Bierderman et Noam Bierstone démarrait le programme de la soirée avec Spillover, une performance audiovisuelle générée à partir de données recueillies avec des drones et de la télédétection par laser et tirées d’un projet de mine de lithium au Portugal. Le thème est terriblement d’actualité, et une certaine anticipation était reliée à son potentiel de faire passer un message au public, une sensibilisation sur une facette plus sombre de l’industrie de l’automobile électrique.

La prestation a commencé à l’image des appareils scannant le site, avec une trame drone qui passe du vol plané à la foreuse dans le sous-sol. Cela dit, la partie visuelle a planté après quelques minutes seulement, passant de l’écran bleu de la mort à la noirceur. La prestation a continué jusqu’au retour des visuels, salués par le public solidaire, mais ça a replanté une deuxième fois, et ainsi de suite, de sorte que la majorité de l’œuvre a été diffusée avec trois gars dans le noir. Néanmoins la trame sonore a sauvé le propos en enveloppant le public à chaque étape de l’exploitation minière et ses conséquences sur l’environnement.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Cyril Meroni & Olivier Vasseur

Le duo français formé de Cyril Meroni et Olivier Vasseur a suivi de façon beaucoup plus posée, voire contemplative, avec Advienne. Une ponctuation réussie entre une première partie abrasive et une troisième partie qui s’annonçait dense et intense. Meroni était installé au centre de la scène à la batterie, effets et trames sonores, tandis que Vasseur était en retrait aux visuels. Le mélange de sonorités électroniques un peu kosmische aux sons plus concrets des percussions a fait en sorte d’étirer le temps jusqu’à ce que l’on ne sache plus trop à quelle partie de l’histoire la performance était rendue. Une impression à deux sens qui pouvait s’écourter en boucle rythmique, ou s’étirer au point de perdre un peu le sens de la phrase.

La trame était accompagnée par un visuel similaire à celui de la première partie, à l’esthétique topographique, mais dont la dynamique n’avait rien à voir avec le forage, la géométrie conique ou cylindrique. Le montage faisait graviter le public d’un objet scanné à l’autre comme un vaisseau passant d’une météorite à une exoplanète pour répertorier leurs données en surfaces. Le visuel était complété par un faisceau lumineux qui interagissait avec la toile comme une imprimante-scanneur. Une réalisation en 3D particulièrement saisissante avec les effets d’éclairage qui semblaient sortir de l’écran.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Elias Merino & Tadej Droljc

Le duo espagnol et slovaque formé d’Elias Merino et Tadej Droljc complétait le programme de la façon la plus dense et intense que la salle le permettait avec une prestation en direct de SYNSPECIES. L’esthétique de latitude et longitude de la soirée était de retour, en prenant le soin de remplacer la topographie par un laboratoire rectangulaire extensible. Musicalement, le duo passait de segments saturés à épurés, jouant avec ce contraste du grondement dans les basses aux cliquetis et filaments d’air. Ces segments racontent une histoire entre la technologie et ce que celle-ci est en train de disséquer.

La partie visuelle collait parfaitement à la musique et lui a ajouté une dimension organique de cœurs fragmentés, de neurones étirés et de toiles d’araignées greffés en entité virtuelle torturée. L’éclairage de la salle avait été ajusté pour réagir aux impacts durant les passages plus denses, retournant à une presque noirceur de points XYZ qui évoluent dans un espace 3D. Un contraste totalement réussi qui a tout de même laissé le corps légèrement épuisé.

Nocturne 4 / MTELUS

Crédit : Bruno Destombes

Myriam Bleau

L’artiste québécoise Myriam Bleau était de retour au festival pour présenter Hypermobility, une performance audiovisuelle qui allie une trame musicale synthétique crue accompagnée de faisceaux lumineux au laser. La prestation de Bleau était énergique, dans le moment, en mode hyper en quelque sorte, que le public a particulièrement apprécié en contraste à la posture habituellement figée de l’artiste sonore. La palette sonore était découpée à la lame fraîchement aiguisée, complétée par la conception visuelle très pigmentée en couleurs et en articulations géométriques. Un moment privilégié.

Play 3 / SAT

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Olivia Lathuillière

Mon itinéraire s’est terminé à la SAT pour la troisième soirée de Play, et la prestation en direct du projet Déliquescence cosmique de l’artiste québécoise Olivia-Faye Lathuillière. La mise en scène proposait une bouteille de fermentation contenant un fluide magnétique contrôlé par un appareil aimant manipulé par l’artiste. Le résultat était fascinant, un peu comme une expérience de laboratoire qui fait de la musique, avec une scientifique / musicienne qui repousse les limites du langage avec l’approche concrète et physique. Musicalement, ça ressemblait à une pièce drone qui se module en fonction des mouvements et des variations captées par les microphones.

Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin