Critiques

Coeur de Pirate

Roses

  • Dare To Care Records
  • 2015
  • 41 minutes
6,5

11698711_10153079475890835_2099890376103649764_nLe voici donc le nouvel album de Coeur de Pirate, ce Roses, troisième album de la désormais incontournable chanteuse et pianiste.

Quatre ans après Blonde, on retrouve l’artiste en mode séduction d’un vaste auditoire. Production lisse et en phase avec les tendances du moment (je le dis sans dénigrement), pour plus de punch radiophonique, des compositions en français certes, mais aussi en anglais et des textes qui revisitent les thèmes chers à Béatrice Martin: la déception, le naufrage amoureux et le doute émotionnel.

Ça, c’est un peu la base de Roses: ce que l’on peut lire dans le communiqué en quelque sorte. Car même si l’on souligne à grands traits la débordante ambition de Coeur de P – elle veut tourner avec ses nouvelles pièces partout sur la planète, conquérir de nouveaux marchés – tout ceci s’inscrit à merveille dans un processus amorcé avec Armistice, puis poursuivi avec Blonde et confirmé par la bande originale concoctée par la Montréalaise pour la série de Fabienne Larouche, Trauma.

Bref, elle a les moyens de ses ambitions. Car dans la vague, C de P a appris à mieux poser sa voix, a osé des compositions puisant dans différents spectres. Bref, elle s’est affirmée comme artiste, comme auteur-compositrice-interprète, comme femme aussi, disons-le, elle qui a maintenant 25 ans.

Bon, maintenant, est-ce que c’est bon Roses après avoir dit tout ça? C’est pas vilain du tout en fait.

Les textes, d’abord, sont très jolis. Drapeau blanc: «Et j’abdique, j’abandonne, j’en ai brûlé ton drapeau blanc, tant que les notes résonnent, je jure qu’on peut arrêter le temps, et ne me laisse jamais seule.» Carry On: «The verve we once had, lies in the bay, I hear it yelling for our lives.» Ou Oceans Brawl: «Lived for lies, lives for tales, Lived for good and hits the rails, Love you boy with what I know, Hid that love up with my bones.»

Les compositions et les mélodies ensuite: elles sont raffinées, impeccables.

Mais la réalisation et l’instrumentation? C’est un peu là que je décroche, mais pas au point de changer de disque, car ce ne sont pas tous les titres où ces éléments titillent. On se souvient que la jeune artiste a fait appel à trois sitedemo.caucteurs pour Roses et à l’écoute on sent ces «visions» concurrentes. Alors qu’Oceans Brawl est magnifiquement feutrée, avec le doux ajout d’une flûte traversière en fin de parcours, Crier tout bas, I Don’t Want To Break Your Heart et Drapeau blanc ont un enrobage froid, synthétique certes, texturé, mais qui rend mal la simplicité et la beauté – malgré la tristesse latente – des paroles.

C’est l’heure du mea culpa? Coeur de Pirate a embauché avec Björn Yttling (Peter Björn and John) pour Roses. J’ai toujours détesté le son du groupe de Yttling, Young Folks en tête (mais quel insupportable vers d’oreille) et visiblement, dans le siège du réalisateur, il laisse sa marque de commerce. On retrouve donc sur certains morceaux, cette même manie de chercher le «hook» radiophonique, cette même mélodie légère rythmée par une basse bien ronde (Undone, notamment) et la même instrumentation alambiquée.

Bref, je bougonne vous direz, mais n’empêche que sur le plan de la cohérence des ambiances et des procédés stylistiques, Roses détonne lorsque pris dans son ensemble. Découpé en extraits pour la radio, c’est probablement parfait… et il y a juste assez de variétés sur cet album pour étonner l’auditeur avec chaque nouvelle chanson dévoilée sur les ondes hertziennes.

Dernier point, Carry On est une très belle chanson. Celle qui possède le refrain le plus efficace aussi. Mais pourquoi en faire une version française?

• Oui Béatrice? J’ai les années 90 sur la ligne 1… elles veulent ravoir leur concept. Je te les transfère sur quel poste? Merci!

Ma note: 6,5/10

Coeur de Pirate
Roses
Dare To Care
41 minutes

http://musique.coeurdepirate.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=333OLz3NiK8[/youtube]