Critiques

Bob Mould

Beauty & Ruin

  • Merge Records
  • 2014
  • 36 minutes
7

beauty-ruinLe vétéran musicien américain Bob Mould, reconnu pour son éloquent apport musical au sein de la légendaire formation punk rock Hüsker Dü et qui fut le meneur du groupe power-pop Sugar qui sévissait dans les nineties, lance cette semaine Beauty & Ruin, qui fait suite à l’excellent Silver Age paru en 2012. Âgé de 53 ans, Mould est un mélodiste hors pair qui demeure une référence incontournable pour bon nombre d’instrumentistes rock américain. Est-ce que le vieux routier a encore la pêche?

Sur Beauty & Ruin, Mould présente des chansons portant sur le temps qui passe et l’inéluctable fatalité de la mort en lien direct avec le décès récent de son propre père. Comme toujours, c’est vigoureux, parfois punkisant, mélodiquement efficace, même si quelques morceaux semblent en mode pilote automatique, tant la formule «mould» offre une stabilité un peu trop confortable.

Il y a bien quelques moments illusoirement rassembleurs qui apparaissent çà et là, mais rien qui n’altère l’émotion suscitée à l’écoute d’un véritable et vénérable punk-rocker qui refuse obstinément d’appuyer sur les freins. Mould fait preuve d’une maîtrise absolue de son art et c’est en format punk rock à fond la caisse qu’il impressionne: Kid With A Crooked Face, Hey Mr. Grey, Tomorrow Morning, Fix It et Little Glass Pill sont sans aucun doute quatre brûlots abrasifs de luxe.

Du même souffle, le vieux de la vieille nous balance dans les oreilles de superbes et suaves ritournelles power-pop complètement opérantes. On n’a qu’à se mettre dans les oreilles le simple radiophonique I Don’t Know You Anymore, la mélodie vers d’oreille enfiévrant Nemeses Are Laughing, le rock carré, qu’un Dave Grohl n’aurait sûrement pas renié, titré The War de même que la frémissante Fire In The City, pour se rendre compte que les chansons de Bob Mould détiennent toujours un potentiel commercial décuplé, sans jamais perdre une seule once d’adéquation.

En contrepartie, on dénote deux composantes anémiques sur ce Beauty & Ruin: les quelconques Forgiveness et Let The Beauty Be qui, sans la distorsion des guitares, sombrent sérieusement dans la lassitude. Les mélodies sitedemo.caiguées par Mould deviennent enivrantes quand elles sont appuyées par un punk rock décapant; en formule pop acoustique, ça perd tout son sens. Ceci dit, le bonhomme n’a pas à rougir de son travail et demeure entièrement significatif.

Pour un jeune mélomane friand de ce genre musical, la connaissance de l’œuvre de Mould, de Hüsker Dü jusqu’à sa carrière solo, devrait être une priorité absolue. Voilà un monument rock, qui fut l’ascendant majeur de pointures importantes telles que Kurt Cobain (Nirvana), Black Francis (Pixies), Billy Joe Armstrong (Green Day) et Dave Grohl (Foo Fighters) et qui, jusqu’à ce jour, a toujours livré la marchandise. Un grand, toujours pertinent!

Ma note: 7/10

Bob Mould
Beauty & Ruin
Merge Records
36 minutes

bobmould.com

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