Critiques

Beyoncé

Lemonade

  • Columbia Records
  • 2016
  • 46 minutes
8,5
Le meilleur de lca

La fin de semaine dernière, Beyoncé a encore frappé secrètement. Tel une ninja des temps modernes, elle a fait paraître un nouvel album sans préavis. Comme toujours dans ces cas, les internets se sont mis à capoter surtout que la galette était accompagnée d’un court-métrage et que le sujet de l’album est l’infidélité. Ça n’en a pas pris plus pour exciter les journalistes… oh, mon dieu, cette semaine dans les plus grands médias, dont Pitchfork et La Presse, on s’inquiétait plus de la relation entre M. et Mme Carter. On se demandait qui est Betty. On trouvait des explications à l’attaque de Solange sur son beau-frère, à ce que Jay-Z mange comme céréales le matin et quelle était la couleur de bobettes de Knowles, le troisième jour après le début de l’enregistrement. Bref, pendant que tout le monde capote sur la vie intime de la célébrité, pas mal tout le monde a oublié de parler de Lemonade. Et c’est très dommage, parce que c’est un excellent album.

Queen B a décidé de collaborer avec des artistes de la scène alternative comme James Blake, Jack White, Kendrick Lamar et bien plus. Et même quand on lit les crédits, on se surprend à y trouver Diplo à quelques occasions et même Joshua Tillman, aussi connu sous le nom de Father John Misty, dans la reggae Hold Up. Cet album, qui passe du country, au rock, au R&B pour se terminer dans le reggae, pourrait donner l’impression d’être décousu et pourtant c’est tout le contraire. Knowles a mis la main à la pâte partout et a tissé avec intelligence un Lemonade explosif.

Lemonade commence par une femme qui espionne son mari qu’elle suspecte d’être infidèle. D’abord, doucement avec Pray You Catch Me, on tombe rapidement dans quelque chose de plus agressif. D’ailleurs, à l’écoute de Don’t Hurt Yourself, sa collaboration avec Jack White qui compte sur un échantillonnage de Led Zepellin, on se félicite que ce ne soit pas après nous que Knowles en ait. Et elle sait le mettre en mot et en musique avec une verve intense et un talent mélodique hors du commun. Tout cela culmine avec 6 Inch qui compte sur l’apport de The Weeknd. La pièce compte un peu de danger, un refrain qui évoque un massacre sanglant et un rythme qui vous fera taper du pied instantanément.

En deuxième partie, on a droit à un peu plus de moments touchants. Ces pièces sont des baumes pour les plaies. Le duo Forward avec James Blake est à s’ouvrir les veines bien que trop court. On aurait pris largement plus que la minute et quinze que ça dure. Mais elle nous revient avec un air enjoué, Freedom, point culminant et puissant de Lemonade. Cette pièce rentre au poste avec force alors que Kendrick Lamar apporte son petit grain de sel. L’album se termine avec le simple Formation qui avait déjà paru en février. Pour une artiste qui a souvent été taxée de défendre une vision blanche des États-Unis, elle arrive avec un argumentaire irréprochable.

Lemonade est un album qui vaut toute votre attention. De la pop grand public de cette qualité, il s’en fait très peu. Beyoncé ne reste pas sur place, mais elle ose, elle travaille, elle essaie et elle réussit. La grand-mère de Jay-Z, Hattie White, est l’influence pour le nom de l’album et sa citation très à propos apparaît à la fin de Freedom: « I had my ups and downs, but I always found the inner strength to pull myself up. I was served lemons, but I made lemonade.» Je pense qu’elle a réussi à en extraire et le jus et la pulpe.

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