Critiques

Alaclair Ensemble

Les maigres blancs d’Amérique du noir

  • Indépendant
  • 2013
  • 75 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe de rap québécois Alaclair Ensemble, c’est un collectif mené par Robert Nelson et James Dewitt Yancey, qui contient dans ses rangs Maybe Watson, KenLo (Movèzerbe), Eman (Accrophone) et plusieurs autres. La bande mettait récemment sur le marché son deuxième album dans lequel tous les membres sont présents. Oscillant entre humour et politique, Alaclair Ensemble se décrit comme étant un groupe de post-rigodon et comme gouvernant du Bas-Canada.

Les Maigres Blancs d’Amérique du Noir débute avec Musiquepourritecompostéebenraide qui se veut plus un manifeste qu’autre chose, qui représente bien l’univers d’Alaclair Ensemble; toujours sur le mince fil entre la politique et l’humour parfois même absurde : « You take the dirt / And the shit / And the pelure de blé d’Inde / And you take the music / And then you make the mix / After you mix it together / Put it back somewhere else / And some new shit will grow ».

On retrouve aussi cet aspect débridé dans Paul Desmarais (GDC), qui dénonce un monde dans lequel les décideurs semblent vivre dans une réalité diamétralement différente que le peuple. La bande à Nelson se penche aussi sur l’amour avec l’accrocheuse et anti-cliché Babouine, où la bande fait l’apologie d’attendre quelques nuits avant les premiers rapports sexuels. On retrouve aussi une réflexion à contre-courant sur Pomme : « Les femmes du 21e siècle / C’est les hommes / Pis les hommes du 21e siècle /
C’est les femmes ».

Parmi les échantillonnages les plus réussis de l’album, on peut noter l’utilisation de My Humps des Black Eyed Peas qui devient le cou, le dos, les orteils et les oreilles du morceau, mais il ne faut pas croire qu’avec leur sens de l’humour Alaclair Ensemble fait abstraction de toute profondeur. La dernière pièce titrée Arrête parle de la difficulté de vivre en faisant du rap au Québec. Sur cette piste, Robert Nelson en remet une couche socialement parlant : « Dans rue / Tout l’monde veut une révolution / For real / Mais personne veut faire la vaisselle / C’est quoi l’deal ? / C’est qui qui ramasse / Après qu’on aille jouer / À 52 ramasse ».

Si on peut trouver un défaut à l’excellente galette d’Alaclair Ensemble est qu’elle s’étire un peu en longueur avec sa durée de près de 75 minutes et il aurait probablement été plus sage de conserver deux ou trois titres pour une sortie futur. Avec une sonorité fraîche, des propos mordants et une ingéniosité rythmique indéniable, Les Maigres Blancs d’Amérique du Noir saura bercer votre début d’été de parfaite manière. Mets ça dans ta pipe « l’mince ».

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tiC_Ec69NxE[/youtube]