Critiques

Tristan Perich

Tristan Perich – Noise Patterns

  • Physical Editions
  • 2016
  • 40 minutes
7,5

Tristan PerichTristan Perich est un compositeur new-yorkais qui se spécialise dans la musique 1-bit depuis maintenant une dizaine d’années. Son premier album, 1-Bit Music (2005) offrait 40 minutes de musique 1-bit issu d’un circuit électronique assemblée dans un boîtier de CD, avec une prise pour un casque d’écoute sur le côté. 1-Bit Symphony (2010) procédait de la même façon avec une ‘symphonie’ en cinq mouvements construite sur des lignes mélodiques plus développées. Noise Patterns, paru en juillet sur Physical Editions, reprend la même technique de travail en se concentrant cette fois-ci sur des séquences de sons formés à partir de bruit blanc. Ce troisième album nous offre une palette complète de bruits filtrés en clair/obscurs, rythmés et spatialisés selon la séquence programmée.

Section 1 commence sur une ligne de bruit blanc qui devient progressivement itérative, et se multiplie en plusieurs lignes superposées à différentes vitesses d’oscillation. La pièce se termine comme une aiguille de tourne-disque qui patine; c’est joli. Section 2 sonne comme une partition erronée de disque dur, avec ses séquences de pulsions courtes et longues qui font penser à un insecte qui danse les claquettes.

Section 3 emprunte le chemin de fer à la manière d’un train à vapeur, dont la vitesse évolue selon la dénivellation du terrain. La spatialisation des bruits clairs et sombres apporte de la profondeur à la pièce et suggère un effet de déplacement qui se démarque des deux sections. Section 4 suit la troisième de prêt en passant du train à l’arroseur rotatif, guidé par une séquence rythmique aux allures industrielles.

Section 5 pèse davantage sur la pédale en répétant la boucle plus rapidement et en manipulant la stéréophonie pour donner un effet de circularité. La densité du bruit augmente jusqu’à un niveau de distorsion, et finit par désintégrer ce qui reste de la pièce. Section 6 ronronne comme une voiture de course en 8-bit, on attend le 3-2-1 GO!, mais c’est plutôt une oscillation claire qui vient survoler le moteur. L’effet de délai et la spatialisation complète la forme rythmique, qui s’apparente à Steve Reich avec son éparpillement de rythmes dans le temps. Ça redevient plus mécanique, l’itération s’estompe tranquillement pour terminer sur la ligne de bruit blanc.

Noise Patterns, l’objet, est un album tout à fait adorable avec lequel il suffit de connecter le casque d’écoute et d’allumer le programme. Cette qualité à elle seule est susceptible de séduire la majorité des geeks en électroacoustique. Noise Patterns, la musique, revisite les limites de la résolution en 1-bit à travers le bruit blanc. Le résultat est minimaliste, expérimental…et un peu plus exigeant pour les oreilles.

Ma note: 7,5/10

Tristan Perich
Noise Patterns
Physical Editions
41 minutes

http://www.tristanperich.com

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