Critiques

Trentemoller

Fixion

  • In My Room
  • 2016
  • 56 minutes
7

TrentmollerLe compositeur danois Anders Trentemøller a fait d’abord dans la techno nordique avec son excellent premier album The Last Resort (2006). Into the Great Wide Yonder (2010) et les passages de guitare trémolo rockabilly élargissait la palette sonore avec des bons et moins bons résultats. Lost (2013) conservait une part de rock américain tout en commençant à faire un lien avec le post-punk et le dark wave. Fixion (2016) complète ce virage en proposant six pistes qui ressuscitent l’époque avec une fidélité de niveau pastiche. Les six autres pièces donnent heureusement une très bonne idée où est rendue la sonorité de Trentemøller.

One Eye Open ouvre Fixion comme s’il ouvrait Disintegration; la voix de Marie Fisker nous ramène sur le bon album, mais le lien revient un peu plus tard lorsque les échantillons de carillon de Plainsong passent à l’envers durant le bridge; petit détail. Never Fade continue dans la même direction avec la basse jouée façon Gallup/Hook, l’épaisse couche de synth et la guitare rythmique. Sinus retourne aux sources électroniques en oscillant chaleureusement; l’atmosphère nordique à laquelle on s’attendait s’installe enfin. Ce n’était qu’un aperçu, la courte River In Me nous fait retomber dans le pastiche avec Jehnny Beth (Savages) à la voix, le rythme au xylophone et tout.

Phoenicia reprend là où Sinus nous a laissé, et fait monter le volume avec son ronronnement et une finale magnifique soutenue par la batterie swing. Marie Fisker revient sur Redefine, première pièce qui équilibre mieux la source d’inspiration avec l’identité du compositeur et qui donne du sens au virage post-punk. Le rythme dancehall de My Conviction apporte une nouvelle teinte très réussie, avec Fisker à la voix, et une superbe montée en intensité. L’instrumental November revient au dark wave et aux grands espaces nordiques; les oreilles font de la randonnée sonore.

Spinning se démarque avec sa démarche à la The Dead of Night, ses percussions réanimées de Construction Time Again, et Marie Fisker qui offre une performance dramatique réussie. Circuits assure la suite avec beaucoup d’énergie, un bon beat techno et des sons synthétiques abrasifs. Jehnny Beth revient sur Complicated, dont la ligne de basse mélange celle de Transmission et A Forest, ni vu ni connu. Lisbet Fritze chante sur Where The Shadows Fall, conclusion presque new age dont les strates de synth se perdent dans la réverbération.

Fixion est un album à deux faces (ahah!). La première rend hommage à une période du rock qui va du post-punk au dark wave. Tous les disciples de Joy Division et The Cure devraient assurément ressentir l’effet pastiche qui en ressort. La deuxième nous rappelle que Trentemøller a créé son identité sonore il y a plus de dix ans, et que celle-ci a évolué en une maîtrise totale de la matière synthétique. En fait les pistes électros sont si bien réussies qu’on se demande un peu pourquoi il a consacré autant d’espace à son hommage.

MA NOTE: 7/10

Trentemoller
Fixion
In My Room
56 minutes

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