Au mois de mars dernier, paraissait l’album homonyme d’un trio rock expérimental formé de Duane Denison (guitare, claviers), reconnu pour son travail avec Tomahawk et Jesus Lizard, de Alexander Hacke (basse, sédiments électroniques), qui a collaboré avec Einstürzende Neubauten et de l’obscur batteur Brian Kotzur (Silver Jews, Harmony Korine), nommée The Unsemble. Enregistré en 2012 au studio de Duane Denison situé à Nashville, Tennessee, ce disque est constitué de quinze pièces instrumentales alternant entre tranquillité, inquiétude et un certain chaos contrôlé.

Certaines pièces de cette sitedemo.cauction ont été minutieusement composées et arrangées alors que d’autres sont le fruit de séances d’exploration sonores et d’improvisation. Denison déclarait au magazine Rolling Stone que le triumvirat désirait plus que tout sortir de sa zone de confort afin de créer une conception sonore qui ne ressemblerait pas à ce qui avait été fait auparavant au sein des projets musicaux respectifs auxquels ils avaient participé. Sur ce plan, pas de doute, l’objectif est atteint; la démarche artistique est sérieusement moins abrasive, plus épurée et aérienne que tous les groupes mentionnés précédemment.

En création musicale, il existe une opacité captivante qui incite à la découverte de nouveaux sons, de nouvelles approches qui seront ultérieurement appliquées à la forme chansonnière et il y a regrettablement l’impénétrabilité masturbatoire de certains projets sur lesquels les musiciens ne cherchent qu’à satisfaire leurs égos. Ce disque est confortablement assis entre ces deux pôles. Il ne provoque aucune irritabilité/colère, ni d’étonnement/contemplation, notre appréciation lorgnant surtout vers une plate indifférence.

Curieusement, il n’y a aucun débordement sonore dissonant et aucune composition réellement anxiogène, The Unsemble préférant un minimalisme sonore serein à de nombreuses couches inharmonieuses. L’intention est totalement respectable et sur cet aspect, c’est réussi. Sauf que ce type d’odyssée plaît un peu moins à l’auteur de ces lignes. Votre humble critique désire se faire raconter une histoire musicale (en ce qui concerne la musique expérimentale) et sur cette élaboration, on a plutôt droit à un alignement rectiligne de morceaux un tantinet monotone.

Néanmoins, Denison, Hacke et Kotzur font adéquatement le boulot sur quelques compositions: le petit penchant tribal évoqué sur Circles et Circles Revisisted, la ligne de basse sur Act 3 ainsi que la captivante rythmique de Shadows, mais ce n’est pas assez pour devenir accro à The Unsemble. Un disque qui sera rapidement relégué aux oubliettes.

Impartialement, on s’attendait à beaucoup plus d’un exercice créatif impliquant Duane Denison. Ce disque est carrément positionné entre deux chaises ce qui laisse l’auditeur dans un état de neutralité émotionnelle qui contrarie nuisiblement. Tout simplement terne et fade. Rien d’autre à ajouter.

Ma note: 5/10

The Unsemble
The Unsemble
Ipecac Records
40 minutes

ipecac.com/artists/unsemble

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