Le groupe JJ72, ça vous dit quelque chose? Toujours est-il que ce petit trio d’adolescents originaires d’Irlande a sévi musicalement à la fin du siècle dernier et au début du présent. La bassiste, Hilary Claire Woods, a finalement quitté en 2002 pour se consacrer à des études en cinéma.

Onze ans plus tard, elle est de retour non pas derrière ou devant une caméra, mais plutôt dans un projet musical solo portant le nom de The River Cry. Un projet qui se retrouve à des années-lumière de la musique post-grunge proposée par son ancien groupe.

Elle a vieilli, Miss Woods, et elle s’est assagie depuis l’époque criarde de JJ72. Son premier disque personnel en est un où les guitares électriques, les sons stridents, la batterie forte et la distorsion sont complètement évacués.

À la place, on retrouve le convenu duo piano-voix, de même que quelques glissements de doigts sur une guitare, entendus ici et là, et le léger battement d’une batterie, quasi absente, qui ne s’invite qu’à de rares moments par de petits soubresauts de cymbales. Simple et sans artifices. On pense à la PJ Harvey de l’album White Chalk, ou encore aux voix de Hope Sandoval, du groupe Mazzy Star, et de Lykke Li.

Si la distorsion est inexistante dans l’instrumentalisation entendue, il en est tout autre pour la voix d’Hilary Claire Woods, alors que les arrangements utilisés sur The River Cry lui donnent une vocalise feutrée, à la limite de l’ambiance de chambre à coucher, en parfaite harmonie avec les textes qu’elle propose, du genre :

« Your voice invites mine to linger in it’s tone / your mouth moving mine to comfort unknown / raiding rivers deep and drowned in waters rise / sleep baby sleep here right by my side. » (Sleep Baby Sleep).

Un disque qui mériterait une plus grande attention encore si ce n’était de cet énorme faux pas effectué au milieu de l’album, sur la chanson Miaow. Contre toute attente auditive, le miaulement d’un chat s’y fait d’abord entendre, puis devient insistant, omniprésent, prenant toute la place. Un moment désagréable et qui n’apporte absolument rien d’intéressant à cette composition déjà si imagée. Dommage.

Il n’en demeure pas moins que, dans l’ensemble, ce premier opus d’Hilary Claire Woods est intéressant et mérite qu’on y prête une oreille attentive.

Ma note : 6,5/10

The River Cry
The River Cry
Betrothed Records
30 minutes

www.therivercry.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Ddse6B7eZRg[/youtube]