Critiques

The Libertines

Anthems For Doomed Youth

  • Virgin Records
  • 2015
  • 44 minutes
6

The LibertinesOnze après le sabordage des Libertines, «l’excessive» formation britannique était de retour la semaine dernière avec Anthems For Doomed Youth. Au moment où le déclin d’Oasis était bel et bien concrétisé au début des années 2000, Carl Barât, Pete Doherty, John Hassall et Gary Powell sont venus à l’époque combler une brèche dans le rock anglais. Je serai franc avec vous chers lecteurs. Je n’ai jamais trop compris ce que la musique des Libertines détenait de véritablement «rock’n roll». La «légende» des Libertines s’est surtout articulé autour des frasques narcotiques de Pete Doherty; la musique étant souvent reléguée au second plan…

Cette sitedemo.cauction a été confiée au réalisateur Jake Gosling; l’homme derrière les parutions de One Direction et Lady Gaga. Vous me voyez venir avec mes gros sabots? Ce Anthems For Doomed Youth est beaucoup trop lisse pour être considéré comme un véritable disque de rock’n roll. L’enrobage est parfaitement lustré et même si les Libertines se contentent généralement du mythique «guitare, basse, batterie, voix», ça sonne franchement pépère.

Évidemment, les ascendants Clash, Kinks, Smiths et Jam s’imbriquent harmonieusement les uns aux autres, mais bon Dieu que le son d’ensemble est beaucoup trop gentillet. Les chansons, elles? Là-dessus, les Libertines ne s’en tirent pas trop mal. On pense au refrain de la chanson-titre ainsi que le petit penchant décapant de l’entrée en matière titrée Barbarians. En revanche, on assiste en milieu de parcours à un passage à vide durant lequel les ritournelles peinent à s’élever. Les You’re My Waterloo, Belly Of The Beast et Iceman font clairement office de remplissage. Totalement soporifique.

À partir de Heart Of The Matter, ça reprend du poil de la bête, et ce, jusqu’à la fin. Sans que ce soit extatique, on peut dire que les Libertines font correctement le travail… mais c’est clairement en deçà des deux premières parutions: Up The Bracket (2002) et The Libertines (2004). Encore une fois, je n’ai pas été épaté par le tandem Doherty/Barât… Quand j’entends certains journalistes musicaux qualifier le groupe de «rock’n roll», disons que j’ai simplement envie de rigoler.

Qu’à cela ne tienne, nos «rockeurs» britanniques obtiennent quand même la note de passage grâce aux chansons suivantes: l’énergique Fury Of Chonburi, le refrain mélancolique dans The Milkman’s Horse, l’excellent riff qui dynamise Glasgow Coma Scale Blues ainsi que la conclusive (un peu bleusy/piano-bar enfumé) titré Dead For Love. Rien pour écrire à sa mère, mais je serais d’une mauvaise foi crasse si je pourfendais cette conception sonore.

Les apôtres des Libertines sauront apprécier ce Anthems For Doomed Youth, et ce, même si la réalisation est totalement «anti-rock» et lamine complètement le minuscule côté abrasif de la formation. Ne serait-ce que pour la résurrection physique et psychologique de Pete Doherty, cet album a parfaitement sa raison d’être.

Ma note: 6/10

The Libertines
Anthems For Doomed Youth
Virgin Records
44 minutes

http://www.thelibertines.com

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