Critiques

Shampoo Boy

Crack

  • Blackest Ever Black
  • 2015
  • 38 minutes
7,5

Shampoo BoyShampoo Boy est un projet électro expérimental autrichien composé de Peter Rehberg (Editions Mego), Christina Nemec (Chra) et Christian Schachinger. Le trio nous avait présenté un premier disque en 2013 intitulé Licht; composé de quatre pièces improvisées à la guitare, basse et sons électroniques. Bien que l’atmosphère post-industrielle du projet était bien représentée sur Licht, sa mécanique avait plutôt à voir avec du post-rock; beaucoup de réverbérations et de délais, et quelques longueurs issues de l’improvisation. Crack, leur deuxième album paru en avril, porte un nom plutôt ironique, parce que c’est justement la finition qui a été peaufinée davantage, au point de faire oublier les origines post-rock en nous balançant dans du drone planant.

L’ambiante Spalt inaugure l’album en se déployant lentement et gracieusement à travers de l’échantillonnage noise. Une première plage de sons synthétiques grésille au-dessus d’une ligne mélodique à la basse, portée par différentes vitesses d’oscillation. Le grésillement des circuits électroniques vient équilibrer la distorsion de la guitare froide et distante. Le tout résonne comme une pièce musicale post-toute (ou néo-toute selon le point de vue).

Riss est plus minimaliste, avec un début reposant sur la répétition d’un échantillon spatialisé. L’atmosphère s’intensifie légèrement avec l’apparition d’une trame de fond et de ponctuations synthétiques ressemblant à des gouttes d’eau numériques qui remontent dans un robinet. Les gouttes deviennent des billes qui rebondissent dans la tuyauterie pour former des impacts scintillants. La masse s’évapore finalement pour ne laisser que la trame de fond.

Du haut de ses trois parties réparties sur plus de seize minutes, Bruch nous offre une expérience sonore assez particulière. La première partie commence à la guitare expérimentale accompagnée de percussions industrielles; ça fait penser à du vieux Einstuerzende Neubauten. L’improvisation s’évanouit subitement pour laisser la place à la deuxième partie. Plus aérienne, celle-ci est dirigée par le mouvement lent d’une trame rugueuse décorée par des bruits électroniques aléatoires. Le mélange culmine en troisième partie sur un duo guitare/basse distorsionnée, imitant un broyeur à fréquences à la perfection. Fade out.

Crack est un album marquant, dont l’atmosphère post-apocalyptique nous fait visiter une civilisation abandonnée, dans laquelle la machinerie rouillée laisse sortir les derniers cris de l’industrialisation. À la croisée des musiques drone et industrielle, Crack révèle une facette de la musique inharmonique, une cassure de laquelle émane la dissonance, la distorsion, et un éventail de sons rescapés du bruit blanc. Vos oreilles sont averties.

Ma note: 7,5/10

Shampoo Boy
Crack
Blackest Ever Black
38 minutes

https://blackesteverblack.bandcamp.com/album/crack

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