Critiques

Rosie Valland

Partir Avant

  • Duprince
  • 2015
  • 38 minutes
8
Le meilleur de lca

Rosie VallandIl y a de ces albums qui arrivent à point dans nos vies, qui concordent exactement avec les évènements qui nous touchent. C’est ce qui était arrivé avec la sortie du premier EP homonyme de Rosie Valland en avril 2014. Avec Partir avant, premier disque de la nouvelle venue de la scène musicale québécoise, l’authenticité et la qualité de l’album ne peuvent que se transmettre à l’auditeur, peu importe son humeur et ce qui se passe dans sa vie.

L’album s’ouvre sur la magnifique Oublier, une pièce pinçante de justesse: «Mais là tu penses à ses yeux verts/Mais là tu penses à ses yeux clairs/Et quand je souris/Tu regardes par terre».

Rebound poursuit sur le thème du regard: «Si je me perds dans tes yeux/Regarde les miens/Et dis-moi si j’ai besoin de voir mieux». Le son du trombone synthétisé souligne la voix tantôt douce tantôt rageuse de Valland. La compositrice utilise souvent la répétition dans les textes de ses chansons pour ajouter une tension dramatique, et même, si au bout de l’album, on a envie d’un peu de variations dans la stylistique, il reste que l’effet fonctionne.

Olympe, pièce la plus pop de Partir avant, vers d’oreille bien maîtrisé, démontre la polyvalence de Rosie Valland comme compositrice, qu’elle ne restera pas cantonnée à l’avenir dans un folk alternatif dépressif, qu’elle peut écrire des paroles plus métaphoriques sans tomber dans le cliché.

La place centrale sur l’opus est laissée aux guitares, la sienne, mais aussi celle de Jesse Mac Cormack, un des musiciens québécois à suivre. À la batterie, Jean-Philippe Levac (Pandaléon) se fait discret, mais pertinent, au service de la voix rauque et claire de Valland, une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Salomé Leclerc.

L’aspect un brin «grunge» de Quebec City réveille au milieu du disque, relance la machine. Cette chanson en elle-même est une nouvelle littéraire, celle d’une supplication d’un amour à un autre, d’une relation qui s’étiole dans la distance et de la peur dans la rupture. Ça commence par un «Tu ne m’apprends rien/Quand tu me dis que la Capitale/T’a fait plus mal que de bien» et ça dérape en «Ne me touche pas/J’ai peur de toi», d’abord susurré de façon aguichante, pour peu à peu devenir plutôt apeuré, agressif.

Finalement clôt l’album, la peine d’amour sur neuf chansons, la détresse (Partir avant, Nucléaire, Noyer), les faux espoirs, les aventures pour oublier (Rebound, St-Denis).

Pour un premier album, on tient un tout qui se déploie en nuances, en progression, avec cohésion. L’expérience de l’école de la chanson de Granby et des Francouvertes, le travail remarquable de Jesse Mac Cormack à la réalisation, la maturité des paroles et de la voix font de Partir avant un disque remarquable.

Ma note: 8/10

Rosie Valland
Partir avant
Duprince
38 minutes

https://rosievalland.bandcamp.com

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