Critiques

Roots Manuva

Bleeds

  • Big Dada
  • 2015
  • 41 minutes
8
Le meilleur de lca

Roots ManuvaRoots Manuva, de son vrai nom Rodney Smith, est un rappeur anglais qui a fait paraître plusieurs très bons albums de hip-hop au cours de la dernière décennie. Célébré pour son inventivité, celui-ci aime mettre de l’avant une prose engagée qui reflète les réalités du milieu pauvre dans lequel il a grandi. Smith approche aussi le hip-hop avec certains plis de la vieille école, dont l’échantillonnage, mais affectionne l’utilisation des diverses «machines» pour construire ses rythmes.

Bleeds est son neuvième album. Pas toujours facile de se renouveler après tant de disques. La peur que Roots Manuva soit rendu à la limite de sa créativité était bien réelle pour plusieurs observateurs. Smith prouve avec Bleeds qu’il est loin d’avoir vidé son réservoir et qu’il garde un ou deux jokers dans sa manche. Bleeds est un album nuancé, bien écrit, composé avec goût, qui met de l’avant un message intelligent et positif sans toutefois tomber dans la guimauve ou encore la facilité.

Hard Bastards qui ouvre Bleeds le fait avec un coup de poing. Non seulement la trame est délicieuse avec ses nombreux «breaks» et ses variations intéressantes. Roots Manuva livre une parole non précipitée, lourde et assumée. Il y va d’une charge contre ce qu’est la pauvreté et surtout la manière que la société s’assure de garder les classes les moins fortunées dans la même situation de génération en génération. Un regard pessimiste, noir et cruellement honnête: «The government don’t trust them and keeps them all in place/With cheap food and cheap booze that keeps them out of shape/The underclass, the lowly class with no damn togetherness/The union that sold them out and sold them togetherness/Will look the other way, as the first becomes the third world/There’s one world not three worlds, nothing free in the free market/Legitimate targets sitting suffocating for the/Classless society and the endless enslavement.»

Parmi les pièces qui retiennent le plus l’attention sur Bleeds, Don’t Breath Out fait très belle figure avec la voix de Sylas qui chante le refrain. Une voix qui se rapproche drôlement de Justin Vernon et sa fragilité «pro-toolée». Roots Manuva y va aussi d’une I Know Your Face directe et drôlement efficace. Il s’y faufile avec un débit agile et nuancé. Fighting For? est aussi très intéressante avec son piano et ses orgues qui rappellent les années 70. Encore une fois, Smith est égal à lui-même.

Il n’y a pas de pièces faibles sur Bleeds, mais quelques pièces plus mémorables que d’autres. Roots Manuva livre un neuvième album qui ravira ceux qui sont déjà conquis et qui saura peut-être attirer quelques nouveaux admirateurs dans son giron. Smith est très habile avec la langue et sait livrer ses paroles avec une diversité très intéressante.

Ma note: 8/10

Roots Manuva
Bleeds
Big Dada
41 minutes

http://www.rootsmanuva.co.uk/

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